Si vous voulez découvrir une véritable tranche de vie de la nuit tokyoïte, installez-vous à la table de la très réussie « Midnight Diner : Tokyo Stories », une série japonaise disponible en France sur Netflix qui vous donnera autant faim que chaud au cœur. Concentré d’instantanés japonais et de belles tranches de vie, elle est à découvrir de toute urgence pour celles et ceux qui ne la connaissent pas encore.

Si vous êtes abonnés à Netflix, il vous est sûrement arrivé de vous perdre dans la large sélection de programmes. Beaucoup de séries sont mises en avant, de Stranger Things à Lupin en passant par Elite, et sont des succès d’audience. D’autres sont un peu perdues dans les tréfonds du site de streaming. Ce qui ne veut toutefois pas dire que des trésors ne s’y cachent pas, il faut juste creuser pour les trouver..

Amoureux du Japon, nous allons vous parler aujourd’hui de Midnight Diner : Tokyo Stories, une pépite savoureuse qui va vous ravir les papilles et mérite toute votre attention.

Midnight Diner : quand le chef écoute autant qu’il égoutte

Cette série part d’une idée aussi simple qu’efficace puisqu’elle met en scène la vie de plusieurs personnages qui se croisent le soir dans le quartier de Shinjuku dans un Izakawa, équivalent japonais d’un bar français ou un pub anglais. L’établissement ne paye pas de mine mais il est spécial pour plusieurs raisons.

D’abord, il n’est ouvert que de minuit à 7h du matin (avant Covid). Cela donne une couleur particulière aux personnages qui le visitent, souvent attachants et un peu perdus dans leurs quotidiens décalés.

Enfin, le chef (Kaoru Kobayashi) ne propose qu’un seul plat à sa carte : du Tonjiru, soit une soupe miso au porc. Néanmoins, si un client lui apporte lui-même les bons ingrédients, il est prêt à cuisiner tout ce que vous lui demanderez. C’est ainsi que chaque épisode s’articule autour de l’histoire d’un ou de plusieurs clients de l’établissement et sur un plat symbolique et marquant de leur vie. A chaque fin d’épisode, le client présente d’ailleurs son plat favori au spectateur en lui expliquant la recette de manière succincte mais avec des étoiles dans les yeux.

Ce qui est mis en lumière dans Midnight Diner, ce sont avant tout les relations humaines et le spectre très large des personnages représentés permet de varier les plaisirs et les intrigues. Animateur radio, comédien, amant éconduit, copines de travail, policiers, drag-queen ou yakuza… Tout le monde se retrouve dans l’Izakaya pour partager sa bonne ou sa mauvaise fortune, et parfois même les deux. On s’y sent bien car on sait que l’on y trouvera toujours une oreille et un sourire réconfortant.

Il n’y a en effet dans les récits aucune constante dans leurs conclusions. Parfois pleine d’espoir et de lumière, les histoires peuvent aussi se parer d’un drap un peu plus sombre de nostalgie et de regrets. Nous sommes bien face à des histoires humaines avec leur lot de mélancolie, d’assurances et de certitudes bouleversées.

Le chef, que les habitués appellent « Maître » avec beaucoup de respect, écoute attentivement chaque mot de ses clients, sans jamais les couper inutilement. Comme un psychologue ayant troqué son bureau pour les fourneaux, il finit toujours par leur confier sa vision concise de leurs problèmes avec le calme zen de celui qui soigne avec la parole et redonne, avec ses plats, du baume aux cœurs brisés.

Chaque épisode ne dure qu’une vingtaine de minutes mais c’est largement suffisant pour vous bouleverser…et vous donner faim !

Du papier au petit écran

Midnight Diner : Tokyo Stories est en effet une adaptation télévisuelle du manga Shinya Shokudō de Yarō Abe. Sa publication a commencé en 2006 au Japon et compte aujourd’hui 23 tomes, dont le dernier est sorti en février 2021. Souvent saluée pour ses qualités narratives et graphiques, cette œuvre devenue un classique a même reçu, en 2010, le Prix Shōgakukan, une des récompenses les plus prestigieuses au Pays du Soleil Levant.

En France, il est publié sous le nom de La Cantine de minuit et publié chez Le Lézard noir depuis 2017.

Il connaît, dès 2009, une adaptation en série, avec déjà Kaoru Kobayashi dans le rôle du chef, pendant trois saisons. Un film réalisé par Joji Matsuoka sort également en 2015 avant que le concept du show télévisuel soit repris par Netflix en 2016 pour deux nouvelles saisons et un second film mis en scène une fois encore par Matsuoka.

Il est évident que nous vous recommandons fortement le visionnage des 20 épisodes disponibles en France sur le service de streaming américain. Savourez-les un par un, comme une bonne cuillère d’humanité qui vous donnera en plus envie de découvrir les bons plats japonais.

Itadakimasu !

Stéphane Hubert


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