Nouveauté à découvrir depuis quelques jours sur Netflix, « Oni : légendes du tonnerre » est une série d’animation qui s’inspire du folklore nippon. De ses monstres d’abord, comme l’indique assez ouvertement son titre en référence aux démons (Oni-鬼) et de ses kamis bienveillants et protecteurs. Une œuvre singulière, esthétiquement soignée, qui retiendra l’attention des amoureux du Japon traditionnel.

Oni : légendes du tonnerre est donc une série d’animation en quatre épisodes créée par Dice Tsutsumi. On y suit les aventures d’Onari qui, un soir pluvieux, débarque avec son père dans le village des Kamis. Les deux créatures cornues y sont recueillies et la jeune fille intègre l’école avec les autres divinités japonaises. Pourtant, quelques années passent et ce havre de paix se retrouve en danger. La Lune rouge des Démons est annoncée et, ce soir-là, les Kamis devront se défendre contre les Onis. L’heure est donc à la préparation et Onari doit apprendre à développer son Kushi : sa faculté spéciale.

Une technique originale

Oni : légendes du tonnerre est une série d’animation assez superbe visuellement. Sa forte personnalité lui vient de sa production puisqu’elle mélange animation image par image et images de synthèse dans un compromis plutôt inédit et réussi. Le tout est chatoyant quand l’histoire se déroule dans la forêt pour devenir soudainement sombre et angoissant. Il faudra toutefois se faire à cette image un peu saccadée inhérente au stop-motion. Si on est loin de la perfection de Junk Head, le plaisir des yeux est bien là ainsi que quelques frissons portés par des musiques épiques.

Les dieux à l’école

Dès le départ, même si la lutte contre les Oni se prépare en arrière plan, nous suivons d’abord les déboires d’Onari dans sa vie quotidienne. Même dans sa relation avec son père Naridon, la jeune fille ne sait pas trop comment trouver sa place. L’homme est différent, muet et maladroit et son comportement lui fait honte parfois. On le comprend très vite, il s’agit d’une série sur la famille et l’amitié qui vise surtout les enfants mais divertira également les grands qui ont su préserver leur jeune âme.

Les scènes qui se déroulent dans l’enceinte de l’école nous questionnent d’abord sur le harcèlement scolaire que peuvent subir les enfants différents. On en oublie alors que nous parlons ici de dieux japonais, de créatures et d’esprits Yokaï pour nous retrouver face à de simples bambins qui sont en phase d’apprentissage de la vie et des relations sociales. On y parle aussi de potentiel et des attentes de la société qui sont placées en chacun de nous. Onari doit ainsi révéler ses pouvoirs à temps et craint ne pas y arriver. En toile de fond, une guerre se prépare… mais contre qui ?

Une grande aventure

Dans Oni : légendes du tonnerre, les Kamis vivent en effet dans une forêt sacrée et doivent se préparer à la défendre contre la venue de démons. Le pont Modori, seul accès à ce lieu sacré, doit être protégé alors que s’annonce la Lune des Démons qui entraînera l’arrivée des Oni dans l’enceinte. Mais qui sont ces démons si les monstres sont déjà de ce côté du pont ? Même si l’on baigne ici dans une atmosphère enfantine, la série n’en n’oublie pas de développer son récit. Elle a d’ailleurs pour elle sa courte durée. En quatre épisodes seulement d’une quarantaine de minutes, on passe un moment sympa à suivre les aventures de la courageuse Onari. Difficile évidemment de vous parler du scénario sans révéler l’intrigue principale mais sachez que vous aurez votre lot de surprises à chaque épisode…

Sans vous en dire trop, le thème de l’écologie trouve également une place centrale dans ce conte d’une manière assez inattendue et finalement très juste. Mais ce qui fait la force de cette histoire, c’est son inspiration culturelle qui pioche allègrement dans les riches croyances de l’archipel, menacées par la modernité. En effet, chaque personnage fait forcément référence à une créature imaginaire connue dans les légendes anciennes, parfois oubliées, du Japon.

Un folklore original et exploité avec respect

La série s’inspire directement du folklore japonais tout en en proposant une sorte de relecture contemporaine. Ici, les Kami boivent de la soupe miso et mangent du natto malodorant au grand dam de notre héroïne qui en est aussi fan que Poulpy… Oniri porte des habits en peau de tigre, comme le dieu du tonnerre, rappelant avec nostalgie le personnage Lamu de la série du même nom, créée par Rumiko Takahashi. Elle va à l’école où ses amis sont Kappa, Daruma et Taconeko. Et qui est le professeur ? Le Tengu, l’un des plus puissants Yokaï du Japon !

Pour Dice Tsutsumi, le créateur d’Oni : légendes du tonnerre, mettre en avant sa culture a été sa motivation principale :

« J’ai fait toute ma carrière dans le secteur de l’animation aux États-Unis, et je me suis toujours demandé s’il y aurait un jour une place dans les histoires que je raconte pour la partie japonaise de mon identité. Cette collaboration de Tonko House avec Netflix est peut-être pour moi l’occasion rêvée de laisser s’exprimer librement mon héritage atypique et de partager avec le reste du monde les incroyables histoires avec lesquelles j’ai grandi au Japon, notamment celles qui semblent particulièrement pertinentes à l’époque actuelle. »

Oni : légendes du tonnerre est donc une jolie série sur l’acceptation de la différence qui vous donnera sans doute envie d’en savoir plus sur le folklore japonais.

La série est à retrouver sur Netflix depuis le 21 octobre.

Stéphane Hubert