« Call me Chihiro » est un nouveau film japonais disponible sur Netflix depuis peu. Il met en scène une ancienne prostituée qui va tout faire pour toucher les personnes qui l’entourent et les sauver de la solitude. Une œuvre d’une grande sensibilité qui nous invite à partir à la recherche de celles et ceux qui viennent de la même planète que nous, au-delà de nos préjugés.

Call me Chihiro est le nouveau film de Rikiya Imaizumi, adapté du manga Chihiro-san d’Hiroyuki Yasuda, publié depuis 2013 et toujours inédit en France. L’histoire tourne autour de Chihiro (Kasumi Arimura), une ancienne prostituée qui souhaite commencer une nouvelle vie dans une petite ville côtière japonaise.

Embauchée comme vendeuse au comptoir d’un petit restaurant qui vend des bento à emporter, la jeune femme est rapidement appréciée dans le quartier. Pleine de vie, elle va bousculer les destins de ceux qui croiseront sa route, attirées par sa lumière et son énergie décomplexée.

La vie, c’est d’abord des rencontres…

Call me Chihiro est en effet d’abord un film de rencontres. Parfois fortuites, d’autres programmées, l’aventure de la jeune femme multiplie les connexions humaines. Les âmes perdues font de l’œil aux invisibles pour se donner de la force et adoucir ainsi la dure réalité qui leur fait face. On est toujours plus fort à deux quel que soit la deuxième partie du duo. Un des sujets du film, c’est que l’on vient tous de planètes différentes et qu’il faut donc, sur Terre, retrouver celles et ceux qui viennent de la même que nous.

Notre vendeuse improvisée, elle, assume son passé « trouble » sans l’oublier et essaie de dompter son présent. Elle virevolte comme une petite fée au-milieu de personnages qui cherchent une étincelle de lumière en eux qu’elle prend souvent un malin plaisir à allumer.

La solitude n’attend pas les années

Autour d’elle, nous retrouvons deux personnages plus jeunes qui vivent des solitudes différentes. D’une côté, Kuniko la lycéenne (Hoya Tonishima) a bien des amies mais on sent qu’elle partage des intérêts avec elles plus par soucis de socialisation que par réelle passion. Chez elle, elle vit la même situation alors que ses parents lui imposent des activités qui ne lui plaisent pas. Autre personnage très touchant, celui de Makoto (Tetta Shimada), le petit garçon un peu mal élevé qui vit avec sa mère divorcée et qui se retrouve un peu trop souvent tout seul. Le soir, il mange devant la télé, se faisant lui-même réchauffer ses pâtes. Sa génitrice fait ce qu’elle peut et ressent une grosse culpabilité par rapport à ses absences, pensant même que son fils ne l’aime pas.

Ces deux jeunes vont trouver en Chihiro une sorte d’ancre qui saura leur montrer une affection toute naturelle qui se finit souvent autour d’un bon plat. Le trio d’acteurs est épatant. Mention spéciale au jeune Tetta Shimada qui va vous toucher au plus profond de votre cœur.

Call me Chihiro : des bento et des bas

Comme souvent dans les films et les séries japonaises (comme Midnight Diner Tokyo Stories), manger fait en effet partie entière du processus de réconfort. Chihiro étant vendeuse de bento, elle se sert de son arme secrète pour casser la fatigue de la vie de certains personnages. On ne compte plus les scènes du long-métrage où nos héros se consolent autour des bons plats concoctés avec minutie par le vieux cuisinier. Se retrouver autour de la nourriture n’est qu’un prétexte pour se voir et passer ensemble un moment privilégié. Et ceci n’est souvent possible que dans les localités japonaises, au temps long, comme celle où se déroule l’histoire.

Au nom de la délicatesse

Call me Chihiro est un film élégant à réalisation toute en finesse. Rikiya Imaizumi filme la ville comme un écrin délicat et ensoleillé et nous montre un Japon rural avec la beauté de ses côtes et son ciel bleu. Il nous sert de très belles scènes dont le cadre fait penser à des cases de manga, probablement inspirées justement de celles de l’œuvre dont elles sont adaptées. Le scénario conte une tranche de vie lumineuse et pleine de délicatesse à travers les yeux pétillants de Chihiro. On suit son impact positif sur la communauté qui l’adopte le sourire aux lèvres tant le moment est agréable.

La vie n’étant jamais toute rose, il y aura toutefois aussi de quoi lâcher quelques petites larmes. Une fois les 2h10 passées, on se dit que s’il doit y avoir une suite, on y replongera avec plaisir pour vivre une nouvelle aventure en compagnie de l’électron libre Chihiro.

Call me Chihiro est disponible sur Netflix depuis le 23 février.

Stéphane Hubert