Parti au Japon dans le cadre d’un Programme VacancesTravail pour travailler dans le secteur vidéo-ludique, Merwan Tebib, un photographe amateur français, profite de son séjour sur place pour capturer un Japon authentique, loin des clichés populaires les plus éculés. Petite balade dans un Japon monochrome dont notre esprit distingue pourtant les riches couleurs…

À 25 ans Merwan s’est rendu au Japon avec un visa vacances-travail pour se faire connaître d’entreprises de jeux-vidéo, secteur dans lequel il travaille depuis quelques années. Il a rejoint quelques temps une équipe de sous-traitance en animation 3D à Kyoto tout en continuant d’enrichir ses connaissances sur la langue et la culture japonaise. Les exigences de ce milieu international mais où la communication se fait uniquement en japonais l’ont poussé à s’éloigner quelques temps de ce domaine pour se consacrer à la photographie. Un art dont l’objectif n’est pas très éloigné de sa profession :

« Mon métier consiste, en partie, à raconter des histoires à travers des images en plus de les faire vivre. C’est du moins la définition la plus brève que je donne à mon rôle selon ma propre philosophie. Étant libéré de certaines contraintes telle que la hiérarchie, je me suis dit qu’il était peut-être temps pour moi de raconter mes propres histoires plutôt que celles des autres. J’ai donc décidé de partager une partie de ce que je vois, de ce que j’apprends et de ce que je ressens à travers ma vie et mon regard pour, d’une part, vaincre la solitude que l’on peut ressentir lorsqu’on voyage seul, mais également et surtout faire voyager les gens de mon entourage qui n’ont pas forcément les moyens ou la chance de venir vivre toutes ces choses. »

Jour de fête et de joie : un homme avec sans doute son petit-fils
Qu’est-ce qui a pu attirer le regard de ce garçon ?
Regard sur la ville où chaque lumière cache une personne
Un fidèle se purifiant avant de pénétrer dans l’espace sacré du sanctuaire

« Le noir et blanc permet l’intemporalité qui, en plus d’être un élément presque omniprésent dans la culture japonaise, permet plus d’immersion. Je vois également beaucoup de photos aux couleurs et aux contrastes retouchés qui déforment la réalité. Cette contrainte m’évite donc d’être tenté d’en faire de même car vendre du rêve n’est pas non plus le but de mon projet. »

Cet instrument « mokugyo » accompagne la lecture de sutras
Les danses « yosakoi » sont extrêmement dynamiques
Une jeune femme apprêtée avec soin perdue dans ses pensées

« J’ai choisi de prendre des gens en action pour rendre mes images plus vivantes et ainsi en faire ressortir d’avantages d’émotions. Cela correspond à ce qu’est, selon moi, une production (même personnelle) : une expérience humaine avant tout. Et c’est également un ingrédient qui donne une saveur particulière aux œuvres japonaises : l’animisme (ou le fait d’ajouter de la vie ou une âme dans ce que l’on fait). »

Démonstration de « kakeuma shinji », des acrobaties à cheval
Un forgeron, concentré sur son ouvrage
Après les cours un peu de détente à la salle de jeux
Une miko veille à la disposition des amulettes et autres objets vendus par le sanctuaire

« Je ne demande pas aux personnes de poser pour moi. J’essaye juste de les prendre sans trop me faire remarquer malgré mon aspect ou alors je capture leur réaction lorsqu’ils s’en aperçoivent pour préserver toute l’authenticité des scènes dont je suis témoin. »

Une mamie plongée dans la lecture de son journal
Les moines shakuhashi dissimule leur visage sous une coiffe d’osier
On ne peut qu’être attendri devant ce jeune couple enlacé
Après une nuit dans un capsule-hôtel, on reprend le chemin du travail !

La réalisation de films attire également Merwan pour qui « le Japon est un environnement qui rend naturellement bien à l’image », mais les contraintes techniques de ce média l’ont poussé à se focaliser pour l’instant sur une série de photographies car « c’est après tout la même chose avec seulement moins d’images par seconde ». Son séjour au Japon n’est pas achevé mais il a choisi de partager dès maintenant le fruit de son travail. Et pour les férus de technique il met à disposition un document qui détaille sa manière de penser les photos. Un guide qui selon lui n’« a rien de vraiment révolutionnaire », Merwan ne se considérant pas comme photographe professionnel malgré le talent certain qui se dégage de ses clichés.

S. Barret

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Source : échanges avec Merwan Tebib / Flickr

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