« My Sunshine » nous invite à passer un hiver en compagnie de deux jeunes adolescents et de leur entraîneur de patinage artistique. La chaleur qu’il manque au paysage grandit alors dans les cœurs de ce trio de solitaires qui ne le seront bientôt plus. Un film qui dorlote, et nous a fait fondre, en salles françaises ce 25 décembre…

My Sunshine est un film écrit et réalisé par Hiroshi Okuyama (Jesus, Makanai : dans la cuisine des maiko).

On y suit Takuya, un jeune garçon habitant sur l’île d’Hokkaidō. Ici, l’hiver est la saison du hockey pour les jeunes de son âge. Pourtant, lui est davantage subjugué par Sakura, tout juste arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique. Il tente maladroitement de l’imiter si bien qu’Arakawa, le coach de la jeune fille, touché par ses efforts, décide de les entraîner en duo en vue d’une compétition prochaine…

Le Billy Elliot japonais ?

Il est vrai que l’on pourrait faire facilement le rapprochement entre la comédie anglaise et My Sunshine. Les deux héros choisissent une voie qui n’est pas la plus répandue pour les jeunes hommes et font tous les efforts possibles pour s’améliorer.

Il y a le regard des autres, bien sûr, qui voient d’un mauvais œil un garçon s’adonner au patinage artistique qui, pour beaucoup, reste encore et toujours un sport de fille. Takuya, lui, s’en fiche et le spectateur de le soutenir dans sa quête pour se rapprocher de Sakura, jeune fille qui réveille en lui ses premiers sentiments amoureux.

Va-t-elle succomber aux efforts et au sourire de son nouveau partenaire aux jambes tremblantes mais à la joie de vivre contagieuse ? Une chose est sûre, les affinités grandissent et les rires finissent par résonner en harmonie. Jusqu’à quand ? Le scénario du film est assez solide et bien ficelé pour maintenir la magie, gardant bien au chaud nombre de rebondissements.

Au nom de l’enfance

My Sunshine

My Sunshine sait parler à la nostalgie de l’enfance que nous gardons tous dans un coin de nos âmes. Hiroshi Tokuyama s’est d’ailleurs inspiré de la sienne pour écrire cette histoire très touchante. Il explique ainsi la genèse de son film :

« Le contexte de « My Sunshine » a été fortement influencé par des expériences réelles de mon enfance » 

« Le contexte de « My Sunshine » a été fortement influencé par des expériences réelles de mon enfance. Tout d’abord le patinage artistique, que je pratiquais à l’école primaire. Je ne faisais que suivre ma sœur aînée qui, elle, essayait de devenir une athlète, mais étrangement, ça ne m’a jamais semblé pénible. Je me souviens avoir vu des filles qui patinaient brillamment, tout comme Takuya, le personnage principal, et m’être dit que j’aimerais pouvoir danser comme elle »

Mais, au-delà de son expérience personnelle sur la glace, c’est bien celle de sa jeunesse qu’il voulait retranscrire à l’écran :

« Je veux profiter d’avoir encore en tête les odeurs de l’enfance pour ce nouveau film. Mon ambition est de montrer à l’image un film simple et poétique, jamais explicatif ».

 » Dans « Jésus », mon premier long-métrage, je me suis basé sur ma propre expérience d’enfant. Ce fut l’occasion de constater qu’il m’en reste beaucoup de souvenirs mais aussi que ces derniers sont fragiles et qu’ils ont tendance à disparaître de jour en jour. Je veux profiter d’avoir encore en tête les odeurs de l’enfance pour ce nouveau film. Mon ambition est de montrer à l’image un film simple et poétique, jamais explicatif. Je veux mettre de la mise en scène dans tout ce qui apparaît à l’écran et grâce à cela, je souhaite que le spectateur puisse se souvenir des émotions de son enfance comme d’un trésor pour le présent. »

Et pour cela, le metteur en scène a su s’entourer de vrais petits champions.

Premiers pas et repères perdus

Pour qu’un tel film résonne jusqu’à nous, il faut bien sûr que les acteurs soient à la hauteur. Dans le rôle du coach, Sōsuke Ikematsu (Rendez-vous à Tokyo) est, comme à son habitude, simplement parfait. Il faut bien dire que le comédien japonais n’a depuis bien longtemps plus à prouver son talent. Quant aux deux jeunes qui lui font face, ils dévoilent le leur avec brio dans My Sunshine, dont on a du mal à croire qu’il soit le théâtre de leurs débuts.

Keitatsu Koshiyama est un véritable rayon de soleil et de légèreté dans le rôle de Takuya. Kiara Nakanishi, elle, joue parfaitement la jeune fille sérieuse qui va peu à peu s’ouvrir à celui qu’elle voit d’abord comme une anomalie. Les deux sont éblouissants de sincérité, ce qui s’explique probablement par la méthode utilisée par le réalisateur durant le tournage :

« Pour les rôles de Takuya et de Sakura, j’ai choisi des jeunes qui savaient patiner. Comme ils n’avaient pas d’expérience en tant qu’acteurs, je ne leur ai pas donné le scénario. Toutes les répliques leur ont été dictées sur le plateau, sans qu’ils les mémorisent à l’avance »

« Pour les rôles de Takuya et de Sakura, j’ai choisi des jeunes qui savaient patiner. Comme ils n’avaient pas d’expérience en tant qu’acteurs, je ne leur ai pas donné le scénario. Toutes les répliques leur ont été dictées sur le plateau, sans qu’ils les mémorisent à l’avance. Je voulais ainsi qu’ils puissent vivre les scènes que l’on tournait comme s’il s’agissait d’événements réels, qu’ils les interprètent librement comme si ce qui se passait sur le plateau était la vraie vie ».

Si on se fie à son titre, on pourrait croire que la joie illumine le film du début à la fin. Mais les rayons chauds du soleil font au contraire peu à peu fondre la glace, elle qui agissait comme un cocon protecteur autour de nos héros. Quel souvenir garderont-ils de cet hiver ? Nous ne vous divulguerons pas plus de détails de l’intrigue ici, vous vous en doutez bien.

Ce que vous devez par contre savoir, c’est que My Sunshine est un film sublime sur les sentiments qui naissent et virevoltent autour de nous. La vie nous apprend à les maîtriser, les accepter et à faire parfois avec ce que le destin semble nous avoir réservé. Entre les flocons du temps qui passent, il y a des rencontres, des rires, des déceptions et des souvenirs qui nous marqueront à jamais. Les spectateurs, eux, n’oublieront pas ceux qu’ils auront partagés avec Takuya, Sakura et Arakawa.

Le film sortira en France le 25 décembre 2024. Vous pouvez le découvrir en avant-première lors du festival « Les Saisons d’Hanabi », en compagnie d’autres films japonais inédits en France. Tout le programme est à retrouver ici.

– Stéphane Hubert