C’est connu, les japonais sont dans le peloton de tête des pays à l’espérance de vie la plus élevée : selon une enquête du ministère de la Santé effectuée en 2013 l’espérance de vie des Japonais nés entre 2010 et 2015 s’établit à 86,61 ans pour les femmes (record mondial) et celle des hommes dépassait pour la première fois le cap des 80 ans (80,21 ans), le troisième rang juste derrière la Suisse et l’Australie. On y compte également plus de 65 000 centenaires. De tels chiffres n’ont rien de miraculeux : derrière eux se cache la combinaison de multiples facteurs dont on vous dresse la liste.
Une alimentation saine
Ça semble évident, et pourtant. Le rôle central de l’alimentation ne saurait être négligé pour expliquer la longévité japonaise. L’alimentation traditionnelle japonaise est en effet très saine et équilibrée, principalement à base de poisson, de riz et de légumes. À l’inverse, elle est pauvre en graisses saturées et en sucres. S’y ajoute l’importance accordée à la fraicheur des ingrédients et au respect du cycle des saisons. Le soja, aliment le plus consommé au Japon, que l’on retrouve sous différentes formes (fermenté, soupe, tofu, miso…) à quasi tous les repas, ainsi que les algues, apportent aux Japonais les vitamines et les minéraux dont l’organisme a besoin tout en réduisant le risque de développer maladies cardiaques et certains cancers. Par ailleurs, la consommation de viande rouge, classée parmi les cancérogènes probables par l’OMS, y est également moins importante. Enfin, les portions de nourriture consommées par les japonais sont généralement plus petites qu’en occident. Mais ce n’est pas tout…
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Une cuisine qui préserve les bienfaits des aliments
Les ingrédients ne font pas tout ! La manière dont ils sont préparés entre pour une bonne part dans la conservation d’une bonne hygiène alimentaire. La cuisine japonaise souvent à base de cuisson lente et à la vapeur, de grillade et de fermentation permet la conservation des nutriments. Outre la réelle malbouffe qui se développe dans les grandes villes japonaises, le repas est traditionnellement divisé en plusieurs petits plats ce qui incite à manger en petites portions et de manière variée. À Okinawa, l’archipel japonais reconnu pour son nombre record de centenaires, on pratique en sus la modération alimentaire via la pratique du Hara Hachi Bu, qui consiste quitter la table sans être totalement rassasié, limitant alors l’apport en calories.
Les vertus du thé matcha
Les Japonais sont de grands consommateurs de matcha, un thé vert aux multiples vertus qui font régulièrement parler d’eux. Sa richesse en antioxydant a un effet anti-âge sur la peau, renforce le système immunitaire, combat le cholestérol et le diabète. Il contribue aussi à réguler la tension artérielle, à favoriser la digestion (et prévenir les affections de l’estomac et des intestins) et à renforcer veines, tendons et articulations. Des études sont en cours pour confirmer son rôle dans la prévention de l’apparition de cancers et des maladies dégénératives de type Alzheimer. Le matcha est aussi reconnu pour son effet anti-stress, tout en améliorant la concentration et l’attention.
De l’activité à tout âge
Garder toute sa vie une certaine activité physique est primordial pour vieillir en bonne santé et les Japonais l’ont bien compris. Les centenaires d’Okinawa interrogés sur leur longévité ont tous insisté sur le fait de rester actif aussi bien physiquement que mentalement. Les interactions sociales et le souci de l’autre contribuent ainsi à conserver une vivacité d’esprit et de corps. Au quotidien, les Japonais s’entretiennent physiquement sans même s’en rendre compte : que ce soit en se rendant et en attendant à la station de métro/train, puis à marcher jusqu’à son lieu de travail ou chez soi, ou encore en privilégiant l’utilisation du vélo à la voiture pour se déplacer. Dans les grandes villes, les rues sont envahies de cyclistes de tous les âges. Il ne sera ainsi pas rare de croiser un centenaire qui fait ses courses en tricycle. Enfin, la gymnastique matinale en plein air, appelée rajio taiso, enseignée très tôt à l’école, se perpétue chez les plus âgés et contribue à conserver souplesse et forme. Pour finir, au Japon, il n’y a pas de limite d’âge pour travailler. Si certains n’ont pas économiquement le choix (le débat sur la question est vaste), d’autres prennent un réel plaisir à garder un rôle pratique pour la collectivité et maintiennent ainsi une activité physique le plus tard possible.
L’accès à des soins de qualité
Le Japon est un pays doté d’une couverture médicale universelle. L’existence d’un système de santé efficace est indispensable pour que la population d’un pays vive plus longtemps et en meilleure santé. Dans le domaine sanitaire, même si la perfection n’existe pas, le Japon bénéficie d’établissements hospitaliers compétents et d’un système d’assurance-maladie qui garantit à sa population un large accès aux soins à un prix abordable pour un temps d’attente réduit. En moyenne, un Japonais se rend en moyenne une douzaine de fois par an chez son médecin pour effectuer un bilan de santé. Une prévention qui permet de détecter et de soigner très tôt les maladies avant qu’elles ne se développent à un stade critique. Enfin, le travail d’infirmière au Japon est très respecté et bien payé (2000 euros net par mois en début de carrière à Tokyo), ce qui crée un cadre encourageant pour les travailleurs du médical, contrairement à la France qui doit subir les coupes budgétaires répétées et le manque de personnel.
Le rapport à la nature
Quand on évoque le Japon à quelqu’un qui ne s’y est jamais intéressé de près, on entendra le plus souvent parler de « tueurs de baleines » ou « mangeurs de dauphins ». Une caricature maladroite bien loin de la réalité. Tout d’abord, la chasse à la baleine a pratiquement été éradiquée (il reste environ 3 à 7 bateaux en activité et la population ne consomme plus de baleine depuis longtemps). Quant aux dauphins, le cas concerne une seule entreprise de la ville de Taiji très loin de représenter la population du pays. La majorité des japonais d’aujourd’hui n’est même pas au courant de ces activités.
Par contre, dans son ensemble, la population japonaise entretient un lien très étroit avec la nature. Les bains de forêt (shinrin-yoku) y sont vus comme une médecine douce à part entière, recommandés par les institutions officielles. Plusieurs chercheurs japonais ont longuement travaillé sur la question. Le Professeur Qing Li, de la Nippon Medical School de Tokyo, a conclu qu’un bain de forêt permettrait de faire baisser le rythme cardiaque et la tension artérielle, réduire la production d’hormones de stress, améliorer le système immunitaire par sa stimulation et générer un sentiment global de bien-être. Le gouvernent Japonais a pleinement pris conscience de cette réalité dans les années 1950 en intégrant le shinrin-yoku au programme national de santé publique nippon. Enfin, l’observation de la nature fait partie intégrante de la culture nippone. Les différentes saisons de l’année sont autant d’opportunités pour prendre le temps de se reconnecter à la nature. L’hanami, avec l’observation des cerisiers en fleurs, est sans doute le plus connu à travers le monde.
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S. Barret
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Sources : rtl.fr / japaninsides.com / trek-japon.com / Photo d’en-tête par Lorena Abud