Jeunes trentenaires, Jonathan et Mathilde se sont lancés dans un road-trip de 8 mois en quête d’un Japon différent, loin de l’image convenue d’une société effrénée, à la consommation de masse, aux travailleurs stressés au point de mourir parfois de surmenage. Rendez-vous en terres méconnues, là où priment le respect de la nature, la solidarité, l’ouverture des consciences. De fil en aiguille, de rencontres en découvertes leur voyage s’est allongé et ils comptent partager leur belle expérience à leur retour via un documentaire.
Jonathan et Mathilde sont deux jeunes français, férus du Japon où ils ont posé leurs valises. Licenciée en anglais, Mathilde est orthophoniste, la découverte d’autres cultures l’a toujours attirée et le Japon en particulier la fascine par sa culture, ses traditions et sa philosophie zen. De son côté, Jonathan est totalement bilingue en japonais, il a crée et dirigé pendant cinq ans son entreprise de vente d’art japonais. Tous deux ouverts et curieux sur le monde et le fonctionnement de nos sociétés modernes (et de leurs travers en particulier), ils se sont forgés une conscience écologique et une volonté de créer un monde écologiquement, socialement et économiquement responsable à travers des documentaires comme « Demain » , « En quête de sens » (en ligne gratuitement), la lecture des travaux de Pierre Rabhi, Frank Lepage et de romans d’anticipation comme 1984 ou Le Meilleur des mondes.
Les hasards de la vie leur ont donné l’occasion de se lancer sur les routes nipponnes pour explorer de quelles manières de plus en plus de Japonais tentent de développer des modes de vie alternatifs, durables et respectueux de l’environnement dans le Japon de l’après Fukushima. Pendant huit mois Mathilde et Jonathan vont sillonner le Japon en stop, parcourant 5 800 kilomètres, les jours rythmés par le Wwoofing, le bénévolat et le couch surfing à la rencontre de Japonais qui œuvrent à leur échelle pour un renouveau de leur société en redécouvrant des savoir-faire ancestraux ou en s’appuyant sur des pratiques plus récentes comme la permaculture ou le mouvement Transition Town. Étape après étape, une nouvelle rencontre en entraîne une autre, Jonathan et Mathilde se voyant conseiller d’autres lieux, d’autres contacts, leur permettant d’enrichir et d’approfondir leur aventure.
Ainsi, au cours de leur périple, le duo s’est familiarisé avec tout un panel d’actions écologiques en visitant plusieurs éco-villages durables (dont Aperuy à Yakushima), une ville qui réussit à recycler 85% de ses déchets, une forêt comestible, Fujino la ville japonaise du mouvement Transition Town et des lieux communautaires fonctionnant en espaces partagés (makerspace). À Aira, dans la préfecture de Kagoshima, ils ont découvert l’école Kusunoki où l’on s’inspire des pédagogies Montessori et Steiner pour apprendre aux élèves à penser par eux-mêmes, à étudier ce qu’ils aiment et à développer leur créativité lorsque le système scolaire conventionnel privilégie l’apprentissage par cœur et incite les individus à se fondre dans un moule. Leur passage dans cette école alternative gratuite nous donne confiance quant au développement progressif d’un état d’esprit plus critique chez les Japonais de demain, détonateur de changements positifs.
Ils ont échangé avec des militants, des personnes âgées, des auteurs d’ouvrages qui se livrent sur leur expérience de la vie, leur souhait pour un avenir meilleur, les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir et surtout en se faisant connaître, mieux informer les japonais sur leur société actuelle pour leur insuffler la volonté de changer leur mode de vie. Ces gens en sont certains, les initiatives locales et régionales qui se multiplient sont le point de départ d’un changement sociétal au niveau national, la naissance d’un réseau solidaire qui s’étendra et connectera de façon complémentaire les grandes villes aux campagnes dans le respect de l’environnement et l’épanouissement des individus.
S’il y a bien un point commun qui se dégage de toutes les rencontres que Mathilde et Jonathan ont pu faire, c’est l’omniprésence du bonheur et de l’optimisme qui habitent ces japonais en transition. Elles sont confiantes en l’avenir et en l’espoir d’un monde meilleur alors même que contrairement aux promesses post-Fukushima les centrales nucléaires sont redémarrées sous l’impulsion du gouvernement conservateur et que la modification de l’article 9 de la Constitution japonaise (garantissant la renonciation du Japon à la guerre et au maintien de forces militaires sur son territoire) voulue par le 1er ministre Shinzô Abe agite la société et fait poindre la venue de dérives dans son interprétation déjà controversée.
Autre détail intéressant et très révélateur noté par les jeunes français, l’absence de règles dans les communautés qu’ils ont traversées, en totale opposition avec le fonctionnement de la société japonaise, organisée de manière très hiérarchisée. Le respect implicite entre les individus suffit à faire fonctionner les projets. Et le rapport harmonieux à la nature si important au Japon de part l’influence de la religion shinto y a retrouvé sa place alors qu’il est trop souvent oublié dans les grandes villes sur-industrialisées où le paraître et la consommation de masse dominent les rapports.
https://www.youtube.com/watch?v=GGCND5lOZFU
Dès le départ, Jonathan et Mathilde ont souhaité réaliser de courtes vidéos pour partager leurs découvertes, leurs rencontres, mais rapidement l’idée d’un documentaire plus à même de faire connaitre les alternatives japonaises s’est imposée à eux, encouragés par l’un de leurs hôtes. Le projet Alternative Japan était né. Vous pouvez soutenir l’initiative de ses deux français en faisant un don sur leur page Tipeee ce qui les aidera à terminer le tournage du documentaire (dont la production fera l’objet d’un financement ultérieur via Ulule). Toutes leurs vidéos sont disponibles gratuitement sur leur page Youtube.
S. Barret
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Sources : communiqué de presse et échanges avec l’équipe d’Alternative Japan, leurs comptes Youtube et Facebook