SEGA : un mot qui aura bercé l’enfance de beaucoup. On le sentait venir depuis quelques temps. Voilà qui est entériné pour de bon. Après avoir régné en maître pendant des décennies sur le marché des salles d’arcade japonaises, le nom SEGA va tout simplement disparaître des façades qui en ont pourtant fait la légende. La fin d’une époque dorée pour les amoureux des jeux-vidéo et les nostalgiques.
Sega est un des grands noms du jeu vidéo et sa guerre avec Nintendo a fait vibrer le cœur des fans jusqu’à l’arrivée de Sony sur le marché. Avec sa Playstation, la société japonaise s’est invitée sur le marché et la maison de Sonic n’a eu d’autre choix que de s’avouer vaincue sur le terrain des consoles de salon. Mais là où elle n’avait toujours pas dit son dernier mot, c’était dans le monde des salles d’arcade. Partout sur l’archipel et encore plus à Tokyo, ses centres blindés à craquer de bornes faisaient la fierté de la marque qui exhibait sur les devantures ses quatre lettres bleues reconnaissables parmi 1000. On les pensait indéboulonnables et, hélas, on se trompait !
Sega éteint ses néons pour de bon
Nous savions déjà depuis quelques années que les salles d’arcade de SEGA avaient du plomb dans l’aile. En 2020, la société GENDA avait ainsi racheté 85,1% de l’activité de l’éditeur. Deux ans plus tard, il a été annoncé dans un communiqué que les 14,9% qui manquaient depuis avaient suivi le troupeau pour s’éloigner définitivement des créateurs d’Out Run, Space Harrier ou Virtua Fighter. De SEGA, il ne restait déjà rien. On en craignait alors les changements à venir que l’on savait logiques autant qu’inévitables : il nous a pourtant bien fallu lire cette phrase qui a mis les larmes aux yeux de nombreux gamers dans le monde :
Le nom de la société sera GENDA GiGO Entertainment, et le nom des centres de jeux exploités sous la marque SEGA sera changé en GiGO. Nous commencerons par Ikebukuro, Akihabara et Shinjuku. Puis ce sera l’ensemble du pays.
Pour faire simple, SEGA devient donc GIGO. Les Club SEGA, SEGA World et SEGA Collaboration Cafe vont donc bientôt disparaître sous cette dénomination. Cette extinction débutera dès mars 2022 et s’étendra sur toute l’année. De quoi faire enrager les amoureux du Japon qui souhaitaient se rendre sur l’archipel en cette période de crise sanitaire pour prendre quelques dernières photos de ces façades cultes avant leur disparition. Ça ne sera vraisemblablement pas possible.
Du changement dans la continuité ?
Si le nom de ces centres changera, cela ne veut pas dire que ce qui s’y trouvera dedans prendra le même chemin ! La mue avait déjà commencé depuis longtemps avec de nombreux niveaux où les bornes d’arcade poussiéreuses avaient laissé leur place à des machines de pachinko et autres attrapes-peluches. Néanmoins, le PDG de GENDA, Nao Kataoka, s’est voulu rassurant sur « cet amour pour les jeux vidéo » que l’on devrait toujours y trouver.
Ce qui reste à démontrer ! En effet, le secteur du jeu vidéo est en plein chamboulement depuis l’avènement des consoles de salon de plus en plus performantes et connectées, sans oublier les consoles portables et les ordinateurs. Le divertissement s’est recroquevillé dans un cadre domestique, et l’actuelle crise n’a fait qu’accélérer ce mouvement de replis des japonais à la maison. Les joueurs ne se rendent plus autant dans les salles d’arcades qu’il y a dix ans et le paysage s’en voit transformé. L’évènement des mondes virtuels pourrait bien être le coup de grâce des arcades. Pourtant, GiGO reste optimiste !
Nous avons le désir d’être une oasis qui étanche la soif de divertissement.
GiGO est en cela l’acronyme de « Get into the Gaming Oasis » (entrez dans l’Oasis du Jeu) et nous verrons bien vite ce que Kataoka-san entend par « divertissement » aujourd’hui. De son côté, et même si son nom disparaît des devantures de ses anciens refuges, SEGA continuera à produire des bornes d’arcade pour le moment. Jusqu’à quand ? Difficile à dire tant le secteur semble en perte de vitesse.
Pour les plus nostalgiques d’entre vous, n’hésitez pas à découvrir sur Netflix la série High Score Girl qui se penche justement sur l’âge d’or de ces salles où les pièces de 100 yens s’échangeaient encore contre quelques minutes de bonheur ! Un régal qui vous rappellera, une petite larme au coin de l’œil, que le temps passe, pour le pire et le meilleur.