Lily C.A.T. est un film d’animation japonais de science-fiction / horreur sorti en 1987 au Japon. Passé sous les radars de l’époque en occident, il faut pourtant le détour. L’action se déroule à l’intérieur d’un vaisseau spatial, alors que les membres de l’équipage sont confrontés à une créature venue de l’extérieur qui veut tous les tuer… Pour son scénario, le réalisateur s’est très clairement inspiré de deux classiques américains du genre : Alien et The Thing. Loin d’être un simple plagiat, le film d’animation propose des idées novatrices à l’époque et une créature digne des yôkai nippon des plus effrayants…
L’histoire de Lily C.A.T.
Sorti en 1987 au Japon, Lily C.A.T. est un OAV (Original Animation Video), c’est-à-dire un animé/film d’animation sorti directement en vidéo, de science-fiction et d’horreur. D’une durée assez courte, 1h07, ce film horrifique est réalisé par Hisayuki Toriumi. Si ce nom vous dit quelque chose c’est parce qu’il a notamment réalisé un dessin animé qui a bercé l’enfance de bon nombre d’entre nous : Les Mystérieuses Cités d’or !
L’histoire de Lily C.A.T. se déroule au 23e siècle, à une époque où les voyages dans l’espace sont monnaie courante. On suit alors les membres de l’équipage du Saldes, ainsi que les employés de la compagnie Sincam Corporation qui ont été missionnés pour explorer la planète LA.03. Comme la planète en question est située à plusieurs années-lumière de la terre, l’équipage est cryogénisé pendant le trajet afin que leurs corps ne subissent pas le temps qui passe. Pendant que l’équipage est endormi, un corps étranger va pénétrer dans le vaisseau et attendre patiemment le réveil de nos voyageurs, 20 ans plus tard, pour s’en prendre à eux… Le titre du film : Lily C.A.T. est en référence au chat du film qui se nomme Lily et qui y jouera un rôle central.
Si le scénario vous rappelle fortement celui d’Alien, c’est tout à fait normal puisque le film réalisé par Ridley Scott en 1979 est la source d’inspiration principale de ce film ! Le fait que l’intrigue de Lily C.A.T. soit aussi similaire à celle d’Alien est assez dommage, car on y trouve de très bonnes idées liées à la problématique des voyages dans l’espace et du temps qui passe. Un autre point que l’on peut regretter est l’absence du développement de certains personnages. L’équipage du Saldes se fait décimer, tout comme celui d’Alien, sans que le spectateur ait eu le temps de s’attacher un minimum aux personnages ou de savoir qui ils sont. Cependant, l’animation classique – encore réalisée à la main – est très satisfaisante.
Les problèmes liés aux voyages dans l’espace
Outre l’aspect visuel du film, assez esthétique, le film traite des répercussions de ces longs voyages spatiaux sur les humains. La cryogénisation permet aux voyageurs de ne pas subir les dégâts du temps, mais uniquement physiquement, car les répercussions se situent ailleurs. Pour évoquer ces différents points abordés dans le film, nous sommes obligés de spoiler un minimum, mais nous allons rester assez évasif sur les personnages concernés afin que vous puissiez tout de même profiter de l’intrigue du film.
Ainsi, on assiste à l’amertume que ressentent certains membres qui enchaînent les voyages et voient les années défiler sans vieillir. Les salariés envoyés par les compagnies font un seul voyage dans leur vie, mais les membres des équipages qui pilotent ou s’occupent de l’entretien des vaisseaux en enchaînent souvent plusieurs dans leur vie. Même s’ils ne vieillissent pas physiquement, ils prennent tout de même en compte toutes ces années passées loin de la terre et considèrent donc qu’ils sont très âgés, certains membres ayant plus de 200 ans. Une fois qu’ils rentrent chez eux, ils sont inévitablement confrontés à tout ce temps perdu, aux personnes disparues, à un monde différent.
Avec la pratique devenue courante des voyages dans l’espace, on constate qu’une nouvelle « mode » est apparue auprès des criminels qui souhaitent éviter la prison. Ces derniers cherchent à s’incruster dans un équipage partant plusieurs années afin d’échapper à la police. Par exemple, le voyage effectué par notre équipage dans le film est censé durer 40 ans aller-retour. En s’embarquant sur ce genre de voyage, le criminel espère alors que son crime sera oublié une fois de retour sur terre.
Enfin, on constate aussi des motivations assez surprenantes et superficielles, comme par exemple le fait de vouloir revenir 40 ans plus tard, en étant toujours jeune, pour narguer quelqu’un qui aura, lui, vieilli…
La créature du film
Si le thème du huis clos qui se déroule dans un vaisseau spatial est clairement inspiré d’Alien, la créature tueuse est en revanche davantage inspirée d’un autre classique du genre réalisé par John Carpenter : The Thing (1982). Nous n’irons pas plus loin dans les révélations, mais comme dans The Thing, la créature a pour particularité d’assimiler ses victimes pour devenir une sorte de créature difforme qui cherche à tuer et à absorber toute forme de vie sur le vaisseau. La créature se sert du corps de ses victimes pour s’en prendre aux autres, ce qui laisse à l’animation un vaste choix de possibilités horrifiques.
La créature est particulièrement réussie, apparaissant à plusieurs reprises sous différentes formes. À chaque fois, on la croirait tout droit sortie d’une histoire terrifiante de yôkai/fantômes japonais. La mort de certains personnages est par ailleurs assez violente. Le design de la créature n’a pas été créé par n’importe qui, puisque c’est Yoshitaka Amano qui s’en est chargé. Yoshitaka Amano est un célèbre illustrateur japonais, très connu pour ses réalisations pour la célèbre licence de jeux vidéo Final Fantasy.
Une version livre
Pour ceux qui seraient frustrés, comme nous, par le format court de cet OAV, sachez que le réalisateur lui-même a écrit un livre, uniquement disponible en japonais, afin d’étoffer son histoire. Ce dernier reprend l’intrigue exacte du film, mais en ajoutant un passage qui se déroule avant l’histoire principale, ainsi qu’un autre qui se déroule après, plusieurs années plus tard.
On en apprend alors davantage sur l’élément qui a permis l’intrusion du corps étranger dans le vaisseau. Sans entrer dans les détails, le fait que la créature ait pu entrer dans le vaisseau est dû à un robot qui était censé protéger le vaisseau pendant que l’équipage était endormi, mais qui a pris une mauvaise décision. La suite, quant à elle, se déroule « 43 ans plus tard » et nous permet de voir ce qui s’est passé après la fin très surprenante du film où les survivants sont poussés à faire un choix très égoïste pour pouvoir survivre…
Lily C.A.T. n’est certainement pas un grand chef-d’œuvre de l’animation japonaise… Cependant, méconnu en occident, il mérite tout de même le coup d’œil pour ses idées scénaristiques originales et sa créature horrifique unique en son genre.
Claire-Marie Grasteau
Image d’en-tête : Lily, le chat du vaisseau, en assez mauvais état…