Quand on se penche sur l’artisanat japonais, il est difficile de savoir où donner de la tête tant le raffinement et la beauté imprègnent chaque création. Pourtant, certaines choses se collectionnent plus facilement que d’autres… Nous avons sélectionné 12 objets qui méritent l’attention des admirateurs désirant se lancer dans une collection d’artisanats nippons et ainsi faire vivre cet Art atemporel. Pour chacun, les prix peuvent évidemment varier sur plusieurs centaines, voire milliers d’euros ! Toutefois, il n’est nul besoin de dépenser de telles sommes, quelques dizaines d’euros suffisent généralement pour débuter sa collection d’une vie.
1. Netsuke
Les netsuke sont de petites sculptures en bois, corne ou ivoire qui servait de contrepoids pour faire tenir un portefeuille à la ceinture de son kimono. Les sculpteurs spécialisés en netsuke ont su créer de véritables chefs d’œuvres miniatures, rivalisant entre originalité thématique et virtuosité technique.
Parmi les netsuke les plus populaires, on trouve les représentations érotiques et les motifs de yôkais.
Ils sont très prisés des collectionneurs au point de générer un important marché de faux. Nous avons d’ailleurs publié un guide du collectionneur débutant pour vous aider à vous y retrouver.
2. Obi
L’obi est indissociable du kimono, vêtement traditionnel japonais par excellence, puisqu’il sert à fermer ce dernier telle une large ceinture. Il en existe toutes sortes de variétés pour s’adapter au degré de formalité de la tenue, entre le simple obi en coton pour fermer un yukata et le large obi en brocart de soie pour un kimono de cérémonie. Les façons de le nouer se comptent en centaines.

En conséquence, les artisans ont tissé et teints de superbes obi à travers les âges pour s’accorder au kimono. La réalisation d’un somptueux obi peut prendre des mois et nécessite l’intervention successive de différents artisans spécialisés (conception du motif, tissage, teinture, broderie…). Ainsi, cette « ceinture » devient avant tout un objet d’ornement qui peut s’exposer comme une tapisserie.
Et pourtant, le port du kimono étant mourant, des milliers d’obi d’exception se retrouvent aujourd’hui sur le marché, bradés à moins de 10% de leur valeur. Par exemple, un obi d’artisan signé en soie d’or coûte plus de 2000 euros à fabriquer. Le marché de la seconde main étant saturé et les connaissances distillées dans le temps, on peut retrouver de tels obi d’exception pour moins de 200 euros. C’est à peine concevable, mais c’est pourtant réel. Ceci fait du obi l’un des trésors du Japon de haute qualité les plus abordables aujourd’hui. Nous en proposons régulièrement en cadeau sur notre page Tipeee.
3. Tsuba
La tsuba constitue la garde d’un katana protégeant la main du samouraï pendant le combat. À l’époque Edo (1603-1868), le port du sabre japonais fut réservé à la classe des samouraïs, au sommet de la hiérarchie sociale. La période de paix, amenée par l’unification du Japon, rendit bien plus rare l’occasion de dégainer son sabre mais permit le développement d’un artisanat de qualité.
Les artisans conçurent alors des tsuba plus raffinées les unes que les autres, finement sculptées et rehaussées d’or. Le katana étant désormais davantage voué à l’apparat qu’au combat, une tsuba magnifiquement travaillée indiquait discrètement l’aisance financière de son porteur.
4. Kokeshi
Oubliez les kokeshi modernes, toutes avec le même profil et made in China. En fouinant sur les brocantes, nous avons découvert tout un monde de kokeshi aux formes et décorations atypiques.
Nous avons aussi eu la chance d’en trouver des particulièrement originales, comme la kokeshi à secret, dans laquelle on peut glisser un message, ou cette autre qui peut s’ouvrir pour stocker des cure-dents.
On lit souvent que les kokeshi ont été sculptées en souvenir d’enfants morts en bas-âge mais cette histoire tient davantage du mythe que de la réalité.
Plus pragmatiquement, elles sont apparues au début du XIXe dans la région du Tôhoku où on travaillait le bois en hiver alors que les travaux des champs étaient à l’arrêt. Puis des artisans se sont spécialisés (les kôjin) dans la confection de ces poupées de plus en plus élaborées. Nous aimons particulièrement les kokeshi à coupe carrée, avec plus de caractère, mais aussi plus difficiles à fabriquer.
5. Bols à matcha
La cérémonie du thé, ou la quintessence de la culture japonaise ! A l’origine, ce rituel était présent chez les moines bouddhistes pour les aider à rester éveillés durant leur méditation. Puis il gagna la classe des samouraïs au XIIIe siècle.
Les principes du chanoyu furent édictés au XVIe siècle par le moine Sen no Rikyū, maître de thé d’Oda Nobunaga puis de son successeur Hideyoshi Toyotomi (deux des trois unificateurs du Japon avec Ieyasu Tokugawa). Trois écoles de chanoyu descendent de son enseignement : Omotesenke, Urasenke et Mushakōjisenke.

La simplicité est recommandée pour les accessoires de la cérémonie qui doivent être confectionnés dans des matériaux naturels : en bois, en céramique (grès ou argile cuite). Mais l’envie des propriétaires d’afficher leur statut social poussa les artisans à créer de magnifiques ustensiles comme des bols « chawan » finement ouvragés.
Des bols anciens se sont transmis parfois durant des siècles et sont toujours utilisés. En cas de casse, l’art du kintsugi se charge de les restaurer. Même ce qui pourrait être perçu comme un défaut de fabrication (coulure, irrégularité) se trouve valorisé comme un hasard unique de la nature.
6. Maneki Neko
Quel meilleur symbole de chance au Japon que le Maneki neko ? L’histoire du « chat qui invite » puise sa source dans différentes légendes et sa figurine se popularise au milieu de l’époque Edo. Au XXIème siècle, elle reste toujours aussi appréciée. Les déclinaisons du Maneki neko sont si nombreuses que vous en trouverez forcément une à votre goût.

7. Kakejiku
Les maisons japonaises sont pourvues d’un espace uniquement dévolu à la décoration : le tokonoma. Dans cette alcôve, les Japonais disposent une composition d’ikabana et suspendent un rouleau décoré, le kakejiku ou kakemono, tous les deux en accord avec la saison.
Le kakejiku peut présenter une calligraphie sur papier ou une peinture sur soie. Les plus prestigieuses sont évidemment l’œuvre de maîtres reconnus. Ce type d’encadrement provient de la dynastie chinoise Tang (618–907) dont la culture a d’ailleurs grandement inspiré l’aristocratie et le gouvernement japonais d’Heian (794-1185).

8. Kimono
Durant des siècles le kimono fut la tenue quotidienne des Japonais et Japonaises. A l’origine simple vêtement du dessous, le kimono s’imposa comme l’habit principal à la fin du XVIe siècle.
Les artisans développèrent nombre de techniques de tissage, teinture, broderies, application de feuille d’or pour transformer sa surface en somptueuse toile peinte, aussi belle à admirer exposée que portée.
De nombreux types de kimonos – principalement féminins – ont vu le jour, selon l’occasion (mariage, visite, vie quotidienne…) mais permettant aussi d’indiquer le statut social de sa porteuse (célibataire ou mariée), son âge (selon la disposition des motifs et des couleurs employées). La description de cet univers si riche peut facilement remplir une bibliothèque.
Tout comme les Obi, la perte d’intérêt des Japonais pour le kimono a vu des trésors d’artisanat finir leur vie en brocante pour quelques sous, alors que ceux-ci ont coûté plusieurs milliers d’euros à fabriquer. Certains kimonos commandés sur mesure sont d’ailleurs des pièces uniques signées et peintes à la main !
9. Vieilles photos
A travers des photos pouvant être vieilles de plus de 100 ans, c’est tout un Japon disparu que nous contemplons. Sur l’Archipel, la photographie était présente au milieu du XIXe siècle mais c’est après la réouverture du pays à l’Occident en 1858 qu’elle se développa intensément.
La ville portuaire de Yokohama accueillit de nombreux studios photo, ce qui donna naissance aux Yokohama-Shashin. Des photographies d’un Japon parfois magnifié et stéréotypé.

À l’heure du tout numérique, ces petits témoins cartonnés du passés sont voués à devenir des trésors oubliés des temps passés, de plus en plus difficiles à trouver. C’est le bon moment pour commencer à les sauvegarder !
10. Masque Nô
Le Nô, théâtre japonais traditionnel uniquement joué par des hommes (comme le Kabuki), se caractérise notamment par ses masques, au nombre de 200 types environ. Et seul l’acteur incarnant le rôle principal, le shite, en revêt. Ce masque permet d’identifier le rôle incarné du premier coup d’œil dans un répertoire regroupant hommes, femmes, vieillards, esprits vengeurs et démons.
Tout le talent de l’acteur consistera à donner vie à cette expression figée par sa gestuelle et des mouvements hautement codifiés. L’inclinaison du masque en modifiera l’expression en changeant la manière dont la lumière s’y reflète. L’exiguïté des yeux entrave la vision et l’acteur doit prendre le décor comme repère pour s’orienter.
Les masques sont sculptés dans du bois léger de cyprès ‘hinoki’ et se transmettent précieusement de génération en génération au sein d’une compagnie. Certains deviennent donc des véritables témoignages historiques, au delà de leur fonction pratique.
11. Ukiyo-e
Hokusai, Kunisada, Hiroshige, Kuniyoshi, Utamaro… les estampes japonaises fascinent les Occidentaux depuis qu’ils les ont découvertes au XIXe siècle. Les collectionneurs de l’époque ont d’ailleurs permis de préserver cet art avant que le Japon ne prenne conscience de l’inestimable patrimoine qu’il laissait s’envoler à l’étranger.
Ces « images du monde flottant » forment un témoignage sans pareil de la vie à l’époque Edo. Le pays, alors en paix pendant 250 ans, voit le développement d’une classe bourgeoise qui se montrera friande de ces œuvres. Parmi les thèmes les plus représentés : les portraits de courtisanes, de lutteurs de sumo, d’acteurs de Kabuki, les paysages et lieux célèbres, ou encore les yôkais.

Beaucoup de Ukiyo-e sont des éditions plus récentes de l’époque Showa, les Japonais ayant été les premiers collectionneurs dévoués à ces images. Cependant, il n’est pas rare de mettre la main sur un original d’Edo ou de Meiji en excellente condition de préservation pour moins de 200 euros !
12. Livres antiques illustrés
Autrefois réservée à l’usage des religieux, c’est au XVIIe siècle que l’édition profane et commerciale se développa, portée par un taux d’alphabétisation de la population bien plus important qu’en Occident à la même époque.
Sur ce sujet, on vous recommande le passionnant entretien « Estampes, imprimerie et édition au Japon d’Edo (17e/19e siècle) » de Delphine Mulard chez Nota Bene.

Il est très difficile aujourd’hui de trouver des livres anciens (Edo-Meiji) bien conservés. Ces ouvrages constituent des mines d’informations vitales sur la vie de l’époque féodale tardive au Japon. On trouve ainsi des textes religieux (comme les enfers bouddhiques), des classiques de la littérature, le fameux catalogue des prostituées de Yoshiwara, ou des livres plus spécialisés : techniques de combat des samouraïs, histoires des clans et batailles les opposant, étapes de l’habillement pour revêtir l’armure, manga de l’école Hokusai, ikebaba…
Des estampes étaient spécialement conçues pour illustrer ces ouvrages. Excepté pour la couverture, l’impression se limitait alors au noir et blanc pour restreindre les coûts et le temps de fabrication.

Pour trouver de tels objets, patience et la chance sont les maîtres-mots. Être prêt à passer des heures et des heures à guetter sur les sites de vente pour tomber sur la bonne affaire. Car, contrairement à l’idée reçue, les antiquités de qualité sont rares. Sur les marchés, beaucoup sont des faux et les touristes tombent facilement dans le piège. Ce pourquoi il est important d’être conseillé par un expert sur le sujet.
Antiquaire au Japon depuis bientôt 10 ans, nous offrons une expertise gratuite de vos antiquités Japonaises (via photographies) sur simple demande par e-mail : mr.japanization@gmail.com
Et comme vous le savez déjà, nous vous proposons chaque semaine de nouveaux trésors de qualité sur notre page tipeee !
S. Barret