Kyoto, une des villes les plus charmantes de l’archipel qui a su préserver, en son cœur névralgique, le charme du Japon traditionnel, notamment à travers son architecture. On y trouve d’ailleurs le plus grand nombre de Geisha, pour le plus grand bonheur des yeux. Mais les autorités de la ville ne sont pas satisfaites. La modernité a profondément transformé le paysage urbain. En cause : des milliers de câbles électriques…

Tous les touristes étrangers qui ont posé le pied au Japon vous le diront : impossible de ne pas remarquer le fouillis quasi artistique des fils électriques et autres câbles qui surplombent les rues japonaises. Pour certains, cela leurs confère un charme unique, pour les autres, ils ne font qu’enlaidir le paysage. Si ces derniers ne sont que rarement enterrés, c’est en partie à cause du coût élevé qui en résulterait mais aussi pour des raisons pratiques : dans un pays sujet aux tremblements de terre et aux glissements de terrain, un réseau électrique ou internet souterrain serait plus long à réparer.

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Néanmoins, récemment la ville de Kyoto a décidé de s’attaquer à ses ornements peu esthétiques dans le quartier touristique de Pontocho afin de lui redonner un parfum d’antan. Pontocho est l’un des cinq ‘hanamachi’ ou quartiers de geikos de la ville, communautés pour lesquelles Kyoto est réputée. Il se déploie tout en longueur, de part et d’autre d’une seule rue et est célèbre pour ses restaurants et ses ochaya (maisons de thé où les maikos & geikos rencontrent leurs clients) qui donnent sur la rivière Kamo. Les lieux sont particulièrement charmants en mars et laissent un souvenir indélébile aux visiteurs.

Les habitations y ayant en grande majorité conservé une architecture traditionnelle en bois, le ballet des divers fils métalliques et de leurs poteaux en béton ne fait que trancher radicalement avec le cadre. Déjà en 2011, des efforts avaient été effectués pour évacuer les panneaux publicitaires et des néons afin d’éviter que le centre ne prennent des airs d’Akihabara. Réclamés depuis 2013 par le comité d’urbanisme de Pontocho en raison des risques d’effondrement, les travaux concernent la suppression de 17 poteaux électriques de la rue principale longue de 490 mètres.

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La plus grosse difficulté résidait dans le fait que le sous-sol de l’étroite rue (seulement 1,80m de large !) abrite déjà les conduites de gaz et des eaux usées, poussant la ville à trouver de nouvelles solutions pour enterrer les fils. Pour se faire, elle a obtenu la coopération des résidents locaux, notamment de l’association des ochaya du quartier qui a offert des emplacements destinés à accueillir 12 transformateurs électriques. Les travaux ont commencé ce mois-ci et la ville espère les avoir achevés d’ici mars 2020.

L’apparence des maikos et des geikos n’a pratiquement pas changé depuis leur apparition au XVIIIème siècle. Aujourd’hui, quand on regarde la photographie d’une de ces artistes en route vers un rendez-vous, il n’est possible de savoir que ce cliché est contemporain que grâce à ces disgracieux éléments suspendus dans les airs. Dans un futur proche, ceux-ci auront disparu pour nous offrir à nouveau l’impression de faire un bond instantané dans le passé. Vivement !

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Image : Takashi Yasui
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Image : Jose Cruz / Flickr

  S. Barret


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Source : japantimes.co.jp