S’il est un endroit à visiter obligatoirement pour tout étranger de passage au Japon désireux de découvrir sa culture, c’est bien l’onsen ! La nature n’est pas tendre avec l’archipel, lui infligeant régulièrement tsunamis, séismes, typhons et éruptions volcaniques. En contrepartie cette nature a aussi donné naissance à plus de 27 000 sources chaudes gorgées de minéraux où détente et relaxation sont au rendez-vous.
Appréciés pour leurs vertus relaxantes autant que thérapeutiques, les onsen sont la destination préférée des Japonais désireux de ressourcer physiquement et spirituellement. On ne dénombre pas moins de 3 085 stations thermales dans l’Archipel.
Pratique profondément ancrée dans la culture japonaise, la mention la plus ancienne d’un onsen figure dans un texte datant du 8ème siècle. Cela fait donc plus de 1 300 ans que les Japonais s’adonnent au plaisir de l’immersion dans ces eaux chaudes naturelles issues de l’activité géologique. Un goût également lié à la religion shinto pour laquelle la purification du corps et de l’esprit passe par des ablutions.
De plus, les onsen sont réputés depuis des siècles pour leurs bienfaits médicinaux, notamment leur influence anti-oxydante qui préviendrait le vieillissement du corps, l’apparition de cancers et le vieillissement de la peau. Les stations thermales affichent même leur spécialité selon les minéraux présents dans leurs eaux et les effets positifs sur l’organisme qu’on leur associe : renforcement énergétique, lutte contre le diabète, les AVC, l’obésité, les risques de crises cardiaques… Pour une efficacité optimale il est important que la température de l’eau soit naturellement élevée (au moins 40°) et que son écoulement soit continu depuis sa source. Les Japonais considèrent ainsi qu’une eau retenue en bassin et chauffée artificiellement perdrait ces facultés.
Poulpy vous propose aujourd’hui une sélection de 10 fameuses stations thermales au Japon, histoire d’aller vous y tremper les tentacules :
1. Beppu (préfecture d’Oita)
Un lieu incontournable pour les amateurs d’onsen, car ce n’est pas moins de 2 846 sources qui y font jaillir 87 346 litres d’eau chaude par minute, soit le débit le plus élevé du Japon (et le second au niveau mondial) ! Entre établissements luxueux et bains municipaux, l’éventail des expériences est large.
La ville est aussi connue pour ses « huit enfers » (jigoku), huit onsen à la température si chaude que la baignade y est formellement interdite, sous peine de finir en calamar frit. Cependant, les visiteurs apprécient la beauté de ce spectacle peu commun.
2. Kusatsu (préfecture de Gunma)
Kusatsu est une ville thermale parmi les plus appréciées du Japon qui offre un choix de 18 établissements de onsen allant du plus traditionnel au plus moderne. Si vous y êtes de passage, vous ne pourrez manquer en plein centre-ville le « Yubatake » (le champ de l’eau chaude), une source où plus de 4 000 litres d’eau acide jaillissent chaque minute. Celle-ci, brûlante et odorante, est refroidie par un système de caissons en bois et se termine en cascade au cœur de la ville.
L’hiver, les différences de températures créent un brouillard chaud où se perdent les jeux de lumière de la ville. Pour y avoir été, Poulpy peut en témoigner, le spectacle est saisissant. Kusatsu peut se rejoindre depuis Tokyo en trois heures environ. Il est recommandé d’y séjourner au moins une nuit. Certains ryokan proposent même de prendre votre petit déjeuner les pieds dans l’eau de source… Attention toutefois à pouvoir vous accoutumer à l’odeur de souffre omniprésente.
La ville regorge également de curiosité dont un spectacle de danse traditionnel : le Yumomi. Cette cérémonie ancestrale expose la préparation de l’eau du onsen par un groupe de jeunes femmes chantant en chœur en mélangeant l’eau à l’aide de grandes spatules de bois.
Dans les petites ruelles où les habitations semblent avoir traversé le temps, nombre de commerce proposent des spécialités locales parfois cuites à l’aide de l’eau bouillante de la source !
3. Atami (préfecture de Shizuoka)
À une heure de shinkansen Tokyo, Atami est une station balnéaire qui attire les citadins fatigués par leur semaine de travail au sein de la trépidante mégalopole. Du fait de sa proximité, des entreprises tokyoïtes y organisent d’ailleurs souvent des séjours pour leurs employés dans un des nombreux hôtels ou spa la ville.
Située au bord de l’océan Pacifique, Atami bénéficie aussi d’une plage d’où sont tirés des feux d’artifice tout au long de l’année.
4. Yufuin (préfecture d’Oita)
Nichée au pied d’une montagne (Bungofuji) et près du lac Kinrinko, Yufuin a une apparence de cité thermale traditionnelle avec ses bâtiments anciens mais elle est pourvue de nombreuses boutiques, restaurants, cafés lui donnant un caractère plus dynamique. Les visiteurs choisiront un onsen en ville ou près du lac.
Les amateurs de randonnées pourront s’adonner à l’ascension du mont Bungofuji dans un paysage de carte postale. Car à Yufuin, les plaisirs du onsen se partagent avec la découverte de la nature.
5. Hakone (préfecture de Kanagawa)
Proche de Tokyo tout comme Atami, Hakone s’en différencie par son cadre enchanteur entre montagnes, volcans et lacs. Les personnes pudiques ou mal à l’aise à l’idée de se baigner nu en compagnie d’inconnus apprécieront le parc aquatique Hakone Kowakien Yunessun où il est possible de se baigner en maillot dans différents bains à thème (bain au saké, au vin, au thé vert…).
6. Dogo (préfecture d’Ehime)
La ville de Dogo est une station thermale depuis plus de 3000 ans, elle est citée dans le chef d’œuvre de la littérature japonaise le Dit du Genji de Murasaki Shikibu écrit au 11ème siècle. L’onsen principal de la ville, désigné Bien Culturel Important, a été construit en 1894 et organise un festival d’art chaque année. Les amateurs de Miyazaki le reconnaitront dans le Voyage de Chihiro où il aurait inspiré, parmi d’autres structures, le palais des bains.
7. Gero (préfecture de Gifu)
Avec Kusatsu et Arima, Gero était réputée dès l’époque Muromachi (1336-1573) pour être un des meilleurs onsen du Japon. Malgré une architecture hétéroclite sans charme particulier, alternant bâtiments en bois et immeubles modernes en béton, les onsen de Gero attirent en masse les habitants de Nagoya à seulement 1h30 de route.
Les gourmets ne manqueront pas d’y déguster la variété locale du fameux bœuf wagyû que l’on dit délicieux. Le village de Gero Gassho Mura aux maisons construites dans un style qui n’est pas sans rappeler Shirakawa-go vaut également le coup d’œil.
8. Kinugawa (préfecture de Tochigi)
Située dans une vallée où coule une rivière, la ville abrite de nombreux hôtels qui permettent d’admirer cette vue spectaculaire. Entre deux immersions dans un onsen, les visiteurs pourront profiter de l’occasion pour découvrir une ville au riche héritage historique avec le sanctuaire shinto Tôshô-gû de Nikko, se distraire au parc à thème Edo Wonderland qui plonge ses visiteurs en pleine époque médiévale ou au musée Tobu World Square et ses reproductions miniatures des plus célèbres monuments du monde, voir s’essayer au rafting pour les plus audacieux.
9. Arima (préfecture de Hyogo)
En plein coeur du Kansai, Arima attire dans ses onsen les habitants d’Osaka, Kyoto et Kobe. Ils profiteront au choix de ses eaux « Kinsen » riches en fer de couleur rouge-marron ou « Ginsen » gazeuses et incolores que l’on a cru empoisonnées jusqu’au 19ème siècle à cause des bulles et de l’écume.
Fait rarissime au niveau mondial, les sources d’Arima ne sont reliées à aucune activité volcanique locale, ses eaux chaudes remontent le long d’une fissure des roches de la plaque tectonique philippine proche.
10. Noboritetsu (préfecture de Hokkaido)
Malgré un accès difficile, Noboritestsu est une destination prisée des Japonais, sans doute en raison de ses multiples sources à ciel ouvert chargées en souffre réputées adoucir la peau ou en fer aux vertus revigorantes.
À ne pas manquer, la vallée de l’Enfer « Jigokudani », un cratère volcanique désertique d’où s’échappent en permanence des vapeurs de souffre qui tranche avec les montagnes alentours verdoyantes en été, enneigées en hiver, pour la joie des amateurs de glisse. C’est aussi dans la région qu’on y rencontre les fameux macaques japonais qui semblent aimer autant que nous les sources chaudes !
S. Barret