Le Gion Matsuri est l’un des plus grands matsuri du Japon. Son origine est religieuse et remonte au IXème siècle lorsque Kyôto, alors capitale impériale, était victime d’importantes catastrophes naturelles. L’empereur fit alors célébrer des cérémonies shintoïstes pour calmer les dieux. Depuis, chaque année en souvenir de cet évènement, se tiennent de grandes festivités tout au long du mois de juillet dont le point d’orgue est le défilé de somptueux chars le 17 juillet. 

Régulièrement, particulièrement l’été lors des fortes pluies, Kyôto était la proie de catastrophes naturelles : les inondations de la rivière Kamo lors de la saison des pluies amenaient la peste par les eaux stagnantes qu’elles laissaient derrière elles. En 869, d’autres villes du Japon ont connu des épisodes tragiques, provoqués par le tremblement de terre de Jôgan. D’une magnitude de 8,4 il créa un grand tsunami (comparable à celui de 2011) qui ravagea le Nord-Est du pays. Pour apaiser les dieux et les implorer d’épargner le pays, des rites shinto furent célébrés au sanctuaire Gion Jinja (futur Yasaka Jinja), situé dans le quartier de Gion, qui donnera son nom au festival et dédié à la divinité Gozu Tennô associée à la peste. On y construisit 66 Hoko (sorte de lance), une pour chaque province du Japon, que l’on planta dans le jardin impérial.

Gion Matsuri

Le festival se tient annuellement depuis 970 sans interruption (sauf durant 33 ans lors de la guerre d’Ônin pendant laquelle Kyôto fut incendiée) ce qui en fait l’un des plus anciens matsuri du Japon. À son caractère religieux originel se sont mêlées des festivités qui rassemblent la population dans une atmosphère joyeuse. En rappel de cette origine, un garçon est désigné chaque année pour être le messager symbolique des dieux, le « chigo », qui ira prier au sanctuaire Yasaka pour la réussite du festival le 13 juillet et prendra place sur l’un des chars.

Le première évènement d’importance du Gion Matsuri est le « Omukae Chochin » (« l’accueil des lanternes »). Hommes, femmes et enfants prennent part à une procession qui a pour but de saluer la venue des dieux au Gion Matsuri symbolisée par les mikoshi. Les hommes portent des lanternes tandis que jeunes filles et garçons revêtus de costumes exécutent des danses sur fond de musique traditionnelle le long du parcours qui part du sanctuaire Yasaka, passe par le quartier de Gion, les rues Shijo, Teramachi et Kawaramachi pour revenir à son point de départ. Le même jour, le long de la rivière Kamo, a lieu la purification des quatre mikoshi (trois grands et un petit), ces temples portatifs appartenant au sanctuaire Yasaka et qui sont censés en héberger les dieux. Ces mikoshi rejoindront ensuite un sanctuaire temporaire, l’Otabisho et ne regagneront le Yasaka Jinja qu’au terme de la parade du 24 juillet.

Du 10 au 14 juillet on assemble les chars « Yamahoko » qui sont l’attraction principale du Gion Matsuri qu’ils ont rejoint en l’an 999. Autrefois au nombre de 66 comme les anciennes provinces, ils ont été réduits à 33 et divisés en deux types : les Yama au nombre de 23 et les 10 Hoko. Les Hoko sont les chars les plus grands, décorés de précieuses tapisseries, ils mesurent 8 mètres de haut et sont surmontés d’une flèche (rappelant les 66 lances du même nom) qui porte leur hauteur à près de 25 mètres. Pesant une douzaine de tonnes, ayant à leur bord musiciens et danseurs, ils nécessitent une cinquantaine de personnes pour les tirer.

Les Yama sont de taille plus modeste, dépourvus de toit et n’accueillent que des mannequins mais sont tout autant magnifiquement décorés de sculptures, tapisseries relatant la mythologie japonaise. Si les chars sont si somptueux, cela vient de la rivalité entretenue par les différents quartiers de la ville qui voulaient chacun présenter le plus beau char. Pour les décorer les riches marchands et bourgeois ne reculaient devant aucune dépense, achetant les objets les plus raffinés, certains allant même jusqu’à importer des tapis de Perse ou du Tibet. Cela servait directement leur prestige, car ils invitaient leurs clients (à qui ils devaient leur prospérité) à venir admirer leur char.

Gion Matsuri

Les temps fort du Gion Matsuri sont la grande parade des chars qui déroule le 17 juillet ainsi que les trois soirées qui la précèdent. Les nuits du 14, 15 et 16 juillet forment le « Yoiyama » (« fête de la veille ») : les chars sont illuminés grâce à des lanternes et la foule est autorisée à monter à l’intérieur. De nombreux stands de nourriture vendent okonomiyaki, takoyaki, yakitori que l’on arrosera de bière. On pourra aussi se rafraîchir en dégustant des glaces et des fruits frais. De nombreuses échoppes proposent des souvenirs (éventails, porte-bonheur, chars miniatures) qui tentent les porte-feuilles des touristes.

Le tout sur fond de musique festive scandée par les « Hayashi », des groupes de musiciens traditionnels de chaque quartier qui défilent jusqu’à l’Otabisho et qui réclament le beau temps pour le 17 juillet. Durant ces trois jours se tient conjointement le « Byobu Matsuri » (« fête des paravents ») : des habitants de la ville ouvrent les portes de leurs demeures pour exposer à la vue de tous les objets rares qu’ils possèdent, souvent des paravents qui ont donné leur nom à ce matsuri dans le matsuri.

La grande parade des chars « Yamaboko Junkô » a lieu le lendemain 17 juillet, de 9h à 11h30. Elle part du sanctuaire Yasaka, traverse les rues Shijo, Kawaramachi et Oike avant d’arriver à l’Otabisho au terme d’un parcours de 3 kilomètres. Les musiciens juchés sur les chars accompagnent la parade aux sons des tambours « taiko » et de la flûte.

L’un des moments les plus impressionnants de la parade est le « tsujimawashi » (« virage aux carrefours »), les chars ne disposant pas d’un essieu directionnel, il faut les faire tourner manuellement, pour cela les tireurs disposent des bambous arrosés d’eau au sol pour aider les roues à pivoter, tandis que la foule de spectateurs retient son souffle.

Hakata Gion Yamakasa 2014

Source : Flickr

Le même jour à 18h, les mikoshi partant du sanctuaire provisoire Otabisho sont promenés à travers les rues avant d’y revenir.

Depuis 2014, face à l’afflux de spectateurs, une seconde parade de chars de moindre envergure a lieu le 24 juillet. Tout comme celle du 17 juillet, elle est précédée de trois soirées de fête. Par contre, cette fois les mikoshi sont ramenés au sanctuaire Yasaka. Le 24 juillet est aussi le jour de la parade « Hanagasa Junkô » (« la parade des parasols fleuris »). Partant du sanctuaire Yasaka, des chars ornés de fleurs et accompagnés de danseurs et de musiciens parcourent la ville avant de revenir au sanctuaire où d’ultimes séries de danses seront exécutées en l’honneur des dieux. Parmi les danseuses on retrouve des maikos et des geikos de Kyoto.

https://youtu.be/jOvJKfujHZA?t=13

Le Gion Matsuri se clôt le 30 juillet, par un rituel de purification au sanctuaire Eki, un sanctuaire dépendant du Yasaka Jinja. Tous les participants, que ce soit la foule des spectateurs, les organisateurs ou les personnes ayant participé aux défilés sont invités à y prendre part.

Inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco en 2009, le Gion Matsuri est une fête à ne pas rater si vous avez l’occasion de venir à Kyoto à cette période.

Gion-matsuri 4

S. Barret


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Sources : dokodemo.fr / discoverkyoto.com / nippon.com / japan-guide.com / Photographie d’entête Patrick Vierthaler (Creative Common)

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