Les amateurs du studio Ghibli connaissent sans aucun doute le cinquième long-métrage de Hayao Miyazaki sorti en 1989 : « Kiki la petite sorcière ». Ce classique du studio a longtemps laissé un mystère en suspens : pourquoi le chat de Kiki ne parle-t-il plus soudainement dans le film et ce jusqu’à la fin ? Les producteurs ont enfin clairement répondu à cette interrogation qui taraudaient les fans depuis des années.
L’histoire d’une jeune sorcière lancée dans la vie adulte
« Kiki la petite sorcière », soit en japonais 魔女の宅急便 (« Le service de livraison rapide de la sorcière »), raconte l’histoire de Kiki, une jeune sorcière ordinaire qui vient d’avoir 13 ans !
Un âge fatidique car la tradition familiale veut qu’elle quitte la maison et ses parents pour aller passer une année dans une autre ville et y continuer son apprentissage. Elle ne pourra désormais compter que sur elle-même pour vivre ! Pas évident, à 13 ans…
Kiki est tellement impatiente de se lancer dans cette aventure qu’elle part le soir même sur son balai volant revêtue de la classique robe des sorcières bleu marine, avec quelques affaires. Elle est accompagnée de son inséparable ami, Jiji, un malicieux chat noir bien bavard !
Kiki trouvera une ville près de la mer où s’installer et s’interrogera sur le genre de sorcière qu’elle désire vraiment devenir. Hébergée dans le grenier d’une boulangerie, elle aura l’idée de créer un service de livraison rapide, une activité parfaite pour une sorcière dotée d’un balai volant !
Au cours du film, Kiki devra surmonter plusieurs embûches : cliente peu satisfaite, manque de commandes à livrer, surprise des habitants qui n’avaient jamais vu de sorcière, perte d’un colis à livrer (souci pour lequel Jiji lui sera d’une aide cruciale !)…
Elle cherche consolation auprès de son fidèle Jiji quand elle réalise qu’elle est désormais incapable de communiquer avec son chat !
Pire, elle se rend compte qu’elle a même perdu ses pouvoirs de sorcière et ne peut plus voler sur son balai. Elle le cassera même en tentant de s’envoler !
Heureusement, à la fin du film, elle récupère ses pouvoirs et redevient une sorcière entière. Pas totalement ! Elle ne peut toujours pas reparler à son chat. Un détail qui a longtemps interrogé les fans du film. Pour certains, cela signifiait que les capacités magiques de Kiki n’étaient pas entièrement revenues. L’espoir demeurait qu’un jour Kiki et Jiji se parlent à nouveau.
Mais les producteurs et Hayao Miyazaki ont balayé cette théorie dans une série de tweets lors de la rediffusion récente de « Kiki » sur Nippon TV. Une méthode « commerciale » dont le studio est coutumier pour révéler certains vieux secrets de ses films et encourager à les revoir. On avait ainsi pu apprendre des anecdotes inédites sur le « Voyage de Chihiro ».
Kiki, une adolescente comme une autre
Les aventures de « Kiki » sont l’occasion de conter une quête initiatique, en particulier celui du passage à l’âge adulte.
Malgré son statut de sorcière, Kiki doit faire face à des problèmes qui parleront à tous les adolescents : la recherche d’indépendance, la difficulté de s’intégrer dans une nouvelle ville et de s’y faire des amis, de choisir son métier pour gagner sa vie, contrôler ses sentiments, gérer les imprévus mis sur notre route par les hasards de la vie…
Dans « Kiki », les moments de doute qui traversent l’héroïne sont symbolisés par la perte de ses pouvoirs magiques. Et son fidèle Jiji ne peut même plus la réconforter ! Elle se retrouve alors aussi désemparée que le serait n’importe quel jeune de son âge.
Ayant retrouvé confiance en elle et gagné en maturité à la fin du film, Kiki n’a plus besoin du « soutien magique » de Jiji selon Hayao Miyazaki. Pour le producteur Toshio Suzuki, Jiji est un alter ego de Kiki qui se parlerait alors à elle-même en s’adressant à Jiji. En d’autres termes, Jiji et Kiki sont un peu les mêmes et la petite sorcière projetterait la voix de sa conscience dans son animal fétiche.
Mais Kiki a désormais suffisamment d’assurance pour mener sa vie de sorcière libre et indépendante. Et Jiji est donc devenu un « simple » chat qui est d’ailleurs bien occupé. Celui-ci a fondé une famille avec une magnifique chatte persane blanche du voisinage.
Chacun des deux personnages a finalement trouvé sa voie et s’ils s’aiment forcément toujours, leur communication est désormais celle du cœur.
Pour finir, mentionnons que l’histoire de « Kiki la petite sorcière » n’est pas inédite, car il s’agit de l’adaptation d’un livre éponyme pour enfants en six volumes écrit entre 1985 et 2009 par Eiko Kadono 角野栄子.
Quatre ans après sa sortie, Ghibli adaptait le premier tome en film d’animation. Avis aux fans de Kiki donc, ses aventures ont une suite ! (Les 6 tomes ont été publiés par Ynnis Editions).
S. Barret