Alors que les autorités japonaises enquêtent sur un scandale sanitaire d’envergure concernant un complément alimentaire ayant causé la mort de quatre personnes dans l’archipel, un phénomène troublant émerge : une hausse de la demande en ligne pour ces produits potentiellement mortels. Des utilisateurs de Twitter ont découvert que celle-ci pourrait être alimentée par un site internet au concept macabre : un « deathnote » pour japonaise détestant leur mari. Entre désespoir, détresse et violence conjugale, ce site révèle les profondeurs sombres des relations matrimoniales au Japon… Détruisant la frontière entre frustration et tentations criminelles. Enquête.
Nous vous parlions récemment dans l’un de nos articles de la crise sanitaire liée aux compléments alimentaires qui frappe le Japon. Le produit à base de beni-koji, une simple levure de riz rouge aux vertus anti-cholestérol, est au centre de la polémique. En effet, l’entreprise Kobayashi Pharma est au cœur d’une enquête concernant le décès de plusieurs personnes, ainsi que l’hospitalisation de 157 autres. Avec des symptômes allant des classiques de l’intoxication alimentaire (nausées, vomissements, diarrhée), jusqu’à l’insuffisance rénale entraînant parfois la mort.
À l’heure où les produits sont retirés du marché et où l’affaire est scrupuleusement épluchée par les services compétents pour en déterminer les causes, certains observateurs ont fait état d’un phénomène pour le moins surprenant. Il a été constaté une hausse de la demande pour les produits incriminés. Des personnes peu scrupuleuses vendent leurs fonds de stock sur l’équivalent japonais du site Leboncoin. Mais qu’est-ce qui peut bien pousser des personnes à se procurer un produit pouvant causer la mort ?
Un site au concept étonnant : Danna-shine
La réponse se trouve dans un site internet. Un site bien banal, à l’apparence dépassée d’un livre d’or où chacun peut s’exprimer librement. Et bien entendu, sous couvert du confortable anonymat qu’offre internet. Ce site est une sorte de « Death Note » (carnet de mort) où écrivent des femmes japonaises mariées, souhaitant publiquement la mort de leurs époux. Et il faut dire que le titre est sans équivoque : Danna-shine signifiant littéralement « crève, mari » ! Bien entendu, en référence au mythique manga Death Note, où le protagoniste principal a en sa possession un simple cahier capable de faire mourir n’importe qui en écrivant son nom dedans.
Et voici donc le pendant de 2024 et dans la vie réelle de cet artefact.
Les administrateurs du site incriminé tentent depuis plusieurs jours de modérer les contenus de leur site liés à l’usage du beni-koji « empoisonné » revendu illégalement. Il est désormais presque impossible de retrouver des mentions aux fameux compléments alimentaires ayant récemment défrayé la chronique. Modéré ou non, le contenu restant n’en reste pas moins abject et inquiétant…
On y trouve donc des milliers de commentaires d’épouses japonaises souhaitant purement et simplement la mort de leur conjoint. Et ils n’y vont pas de main morte. Certains messages sont créatifs dans l’abject… Certaines souhaitent que leur époux se suicident, pendant que d’autres leur souhaitent un accident de voiture ou une crise cardiaque.
Mais le plus inquiétant est que certains commentaires encouragent ouvertement l’acquisition du produit responsable de l’actuelle crise sanitaire pour empoisonner son époux discrètement. On y trouve également des méthodes d’empoisonnement médicamenteux, mentionnant parfois l’augmentation de doses prescrites, bien entendu à l’insu de leurs conjoints, généralement caché dans la nourriture du mari. Certaines recommandent l’acquisition de médicaments avec pour but la réduction de la libido de ceux-ci. Comment on arrive-t-on là ?
Nonobstant ces souhaits funestes, certains messages font ressortir une immense détresse de la part de leurs autrices. Bien que parfois les motifs paraissent triviaux, certaines parlent de violences conjugales, d’abus, de viols, mais aussi de tromperies et de vexations quotidiennes en tout genre. Et le divorce n’est pas une option socialement acceptable. Certaines, à bout, envisagent même de se suicider…
Les enfants apparaissent aussi régulièrement comme préoccupation majeure dans les messages; ceux-ci sont parfois cités en victimes d’un père affreux, distant, violent. Bien entendu, il existe bien d’autres moyens pour se sortir d’une relation toxique que de tenter d’empoisonner son conjoint. Toutefois, l’affaire se passe au Japon. Pays qui, comme vous le savez, est aux antipodes d’un paradis pour les femmes. Encore très patriarcal, l’archipel est une machine à broyer les femmes divorcées, synonyme de mort sociale et financière. Le mariage, parfois rapide, jeune et irréfléchi, peut se transformer en prison à vie.
Les hommes non plus, ne souhaitent généralement pas le divorce. Dans ces conditions, il n’est pas rare au Japon que le père devienne un véritable paria dans sa propre famille, l’homme à abattre. Celui dont on dira aux enfants qu’il n’était qu’un bon à rien. Afin notamment de lui en soustraire l’autorité et la garde. Nous vous invitons à relire notre article sur les cas d’enlèvements parentaux au Japon. N’oublions pas non plus le phénomène Menhera qui touche une partie des jeunes femmes japonaises. L’accumulation de frustrations et de non-dits menant à de la frustration, de la rancœur, voire même à la maladie mentale.
Toutefois, souvenons-nous qu’il n’est pas rare aussi que les hommes soient victimes de violences conjugales, ou de fausses accusations basées sur des vues de l’esprit ou un désamour mué en haine. La victime et le bourreau pouvant parfois se confondre, s’entremêler. Pour toutes ces raisons, nous souhaitons réaffirmer ici une posture de neutralité dans cette problématique qui désert toute la société.
Sélection de « souhaits de mort » sur Danna-shine
Nous vous avons fait une sélection de quelques messages publiés par des femmes mariées sur ce site, traduits par nos soins. Veuillez noter toutefois que, vu l’abondance de messages (par milliers) et la popularité de ce site, nous n’avons probablement pas pu vous extraire les pires…
Commençons avec ceux faisant explicitement référence à l’empoisonnement, ou à la médication donnée aux époux à leur insu. Nous rappelons qu’au Japon comme (presque) partout ailleurs, cette pratique est illégale et potentiellement dangereuse.
Il y a un mois que j’ai commencé à lui donner du Citeron, de l’Ethinyla, du Paxil et du Jézolofte.
J’ai lu de nombreux journaux et reçu des conseils. J’ai donné les médicaments très strictement pendant un mois.
Peut-être qu’il y a d’autres personnes dans la même situation, alors je prends note :
< Excrément > (surnom du mari)
● 45 ans
● 178 cm
● 85 kg (Musclé, genre gorille)
● Pratique du sport (chaque semaine)
● Emploi physique
● Poils corporels abondants
● Os solides, un peu grossiers, ressemblant à un homme fort qui pourrait être joueur de rugby.
C’est une ordure qui semble n’avoir que des hormones masculines, comme un joueur de rugby.
Il regarde des vidéos pour adultes (viols de lycéennes) presque tous les jours, puis appelle des services d’escorte après le travail ou le week-end, va dans des salons de massage pour hommes puis des services d’escorte ou des salons de massage puis des bordels, et ramène des filles des clubs de nuit. Il dit que mentir et jouer avec des filles tous les jours n’est pas de l’adultère, mais une exigence masculine qu’il ne peut pas arrêter.
Il dit que si je veux qu’il arrête, je devrais divorcer, ce qui est comme dire « si tu veux que je m’arrête, tu devrais mourir ». C’est une ordure qui fume et joue au pachinko, même si nous avons convenu d’arrêter avant le mariage, et il dit que c’est pareil, que c’est un désir, et que je devrais divorcer si cela me dérange.
Je lui ai donc donné du Citeron, de l’Ethinyla, du Paxil et du Jézolofte pendant un mois.
Je lui donnais déjà du Citeron et de l’Ethinyla depuis plus d’un mois, mais j’ai dû arrêter pendant un mois en raison d’un long voyage d’affaires, donc cette fois-ci, il les a pris pendant un mois complet.
● Citeron : 2 comprimés le matin, 2 le midi, 2 le soir
● Ethinyla : 2 comprimés le matin, 2 le midi, 2 le soir
● Paxil : 20 mg le matin, 20 mg le soir
● Jézolofte : 100 mg le matin, 100 mg le soir
Au début, il était somnolent, fatigué et ne pouvait pas arrêter de bailler pendant la première semaine.
Ensuite, il n’y avait aucun de ces symptômes. Au contraire, il était en forme.
Aucun changement dans la consommation de vidéos pour adultes, de services d’escorte, de pachinko ou de cigarettes.
Un mois s’est écoulé ainsi.
Je pense que c’est une dépendance sexuelle, donc je vais continuer à lui donner des antiandrogènes et changer les antidépresseurs.
L’alprazolam, la trazodone et l’escitalopram semblent également avoir un effet sur la suppression de la libido, donc je pense changer le Paxil.
Si vous avez un mari comme une grosse boule d’hormones masculines de gorille ou si cela ne fonctionne pas pour vous, il pourrait être bon d’agir dans la même direction.
Merci de votre soutien continu. Merci d’avance.
Ce connard est rentré à la maison aujourd’hui en disant qu’il faisait chaud. Eh bien, c’est probablement parce qu’il est allé prendre un bain dans un love-hôtel. Il est tout excité parce qu’il s’est fait laver.
Quand il a une fille qui lui plaît, il est plutôt de bonne humeur. Mais même quand il rentre à la maison, il est occupé à vérifier les mises à jour du journal intime de la call-girl et à vérifier les messages qu’ils ont échangés sur Line. Il prend même directement rendez-vous pour la prochaine fois par Line. Il me demande même quel cadeau il devrait lui acheter. Quel pervers.
Il dit (aux call-girls) des choses du genre « Et si je te réservais pour moi toute la journée ? » C’est trop dégoûtant.
Je vais augmenter sa dose de Paxil qu’il prend. Qu’il crève.
Quel est le gagnant entre le Paxil et les médicaments contre l’impuissance ?
Je donne du Paxil et du Citeron à mon mari, qui lui donnent des troubles de l’érection et ralentissent ses fonctions intellectuelles. Mais quand il a une liaison, il prend des médicaments contre l’impuissance.
Les médicaments contre l’impuissance sont le Viagra, le Cialis et le Levitra. Bien que le Paxil et le Citeron le mettent également sous pression mentale, s’il peut s’en sortir avec des médicaments contre l’impuissance en cas de besoin, nous n’avons pas d’autre choix que de passer à des méthodes « physiques » telles que les sous-vêtements au piment. Donnez-moi des idées, chers collègues.
Je me demande si ça ne se remarquerait pas si je le mettais dans le café…
Et vous, dans quels plats le mélangez-vous ?
Ça a marché !
Environ une semaine après avoir administré Citeron et Paxil…
Même si je ne peux lui en donner que rarement, il a déclaré qu’il commençait à perdre sa libido !
Je suis si contente !!!
Un signe de soulagement de la libération du stress de devoir faire des tâches désagréables et douloureuses…
Une rubrique pour annoncer l’heureux décès du conjoint
Une rubrique attire l’attention sur ce site : l’annonce des décès des époux. Et il n’est en aucun cas question d’un livre d’or, ni d’un hommage quelconque. Il y est plutôt bel et bien question d’y partager sa joie de voir ses souhaits se réaliser enfin !
Il est vraiment mort !!!
Cela fait quelques mois que j’ai commencé à rédiger ce cahier. Je n’arrive pas à y croire, mais mon mari est vraiment mort. La cause du décès était une insuffisance cardiaque due au syndrome d’apnée. Il faisait froid le matin. J’ai essayé d’appeler une ambulance, mais sa mort n’a été confirmée qu’à l’hôpital. Honnêtement… je suis heureuse, heureuse, heureuse. Merci beaucoup, Dieu de la Mort ! ! ! ! ! ! ! !
Aujourd’hui, lorsque je suis rentrée du travail, le déchet était mort d’une insuffisance cardiaque aiguë.
Enfin, mon souhait s’est réalisé.
Merci beaucoup.
Mais aussi des messages de détresse, de la haine, de l’incompréhension…
D’autres commentatrices font part d’histoires familiales difficiles. Avec pour certaines, de vrais appels à l’aide, des cris de détresse. Mais aussi une forme de relation haineuse entre les époux. Voici encore quelques extraits :
De : La vie est difficile.
Bien qu’il essaie de me faire contracter encore plus de dettes pour maintenir notre niveau de vie avec les enfants, le remboursement est aussi imprévisible que de la merde. Je n’ai pas l’intention de me soucier davantage de toi. Si tu meurs, tout sera réglé d’un coup. Meurs vite. Le divorce laissera sûrement des regrets aux enfants, alors autant en finir en mourant. Il n’y a pas d’autre solution que de rembourser mes dettes avec l’argent de ton assurance. Meurs vite.
De : Dannagiri
Cela fait longtemps que je n’ai pas écrit ici. Depuis mon divorce, je passe des jours heureux avec mes enfants. Bien que je ne pardonnerai jamais à mon ex-mari qui m’a fait subir du harcèlement moral, des abus économiques, de la violence et des mauvais traitements envers mes enfants. Vivre après le divorce est difficile, mais une vie sans stress devient ma nouvelle norme. Mes enfants vivent heureux chaque jour, à tel point qu’ils ont presque oublié le visage de leur père.
En sachant que mon ex-mari commence à payer les conséquences de sa vie dépravée, j’ai envie de lui jeter à la figure des mots comme « Karma » et « Tu l’as bien mérité ».
Parfois, je suis encore tourmentée par le stress post-traumatique, mais je ressens vraiment le bonheur de vivre.
Je souhaite que ceux qui sont maltraités par des ordures de maris puissent être libérés de cet enfer le plus tôt possible.
« Ne laissez pas ces minables vous abattre ! Restez fortes !! »
DE : Omoiyari
Aujourd’hui encore, tu m’as crié dessus à bout portant. Avec ta sale bouche crachant de la salive partout. Grâce à toi, mon visage et mes cheveux puent et j’ai dû les laver immédiatement.
Rage, yeux exorbités, hurlant comme un idiot à pleins poumons, montrant des dents mal alignées et sales.
Ton visage est dégoûtant à voir.
En vieillissant, tes joues s’affaissent et tes dents déjà désastreuses, que tes parents n’ont jamais corrigées, sont plus apparentes. Rien que de regarder la manière dont tes lèvres se crispent en parlant est écœurante.
Cela doit sûrement avoir un impact sur ta carrière, au bureau. Tu es vraiment un esclave de la société. Tu vas probablement rester à ce poste de servitude toute ta vie.
Tes collègues doivent vraiment se retenir pour ne pas être dégoûtés en voyant ton vrai visage.
S’il te plaît, meurs rapidement. Personne ne sera affecté par ta mort.
De : Rerelife
J’ai épousé un mari beaucoup plus âgé que moi. Je me demandais pourquoi il n’avait jamais été marié même après avoir passé la quarantaine. Mais récemment, j’ai commencé à comprendre pourquoi.
Peu importe le sujet, il parle toujours de lui-même. C’est toujours « moi, mon, ma présence ». J’ai même découvert qu’il regardait mon téléphone, ce qui m’a profondément dégoûtée.
Nous nous disputons souvent, mais cela ne mène jamais à une conversation productive. Pour équilibrer les choses, je publiais mes pensées sur Twitter, mais même ça, il le voyait et se plaignait d’être la victime. Où suis-je censée trouver la force de réguler mes émotions dans tout ça ?
Il se plaint constamment de la charge financière. Pourquoi ne pas simplement me quitter alors ? Il sait que j’ai souffert de dépression dans mon précédent emploi et que j’ai dû démissionner. Bien sûr, je suis actuellement à la recherche d’un emploi, mais même quand je fais des crises d’hyperventilation, il s’en fiche. Il rentre tard des soirées arrosées, ne s’occupe pas de moi.
Il se plaint aussi de l’argent et des cadeaux d’anniversaire, même s’il ignore le White Day (la fête du 14 mars où les hommes japonais donnent des cadeaux aux femmes en retour des chocolats reçus à la Saint-Valentin).
Il est maniaque du ménage, et il me fait des remarques désagréables pour un simple cheveu par terre. C’est comme s’il était ma belle-mère.
Il a tellement de règles strictes que je suis complètement épuisée. Je sais que je suis en train de me plaindre, mais honnêtement, je n’ai pas les moyens de me permettre de me reposer lentement jusqu’à ce que ma santé s’améliore.
Je pense de plus en plus souvent à la mort depuis que j’ai réalisé que ce serait un casse-tête administratif s’il mourait.
Ce matin, la corde est arrivée. Et comme prévu, le contenu a été vérifié.
Je supprime régulièrement l’historique pour que ce site ne soit pas découvert.
C’est une souffrance.
Certains messages sonnent comme des appels à l’aide :
« Demain, ne rentre pas.
Disparais.
Libère-moi.
S’il te plaît, aide-moi.
Espérons que mon mari ne revienne pas demain.
Je t’en prie.
Ce que nous dit ce site des relations matrimoniales au Japon
Il ressort de beaucoup de ces commentaires, une forme d’incompréhension entre les époux. Les messages laissés sur le site Dana-shine sont intéressants dans ce qu’ils ont à nous offrir d’un point de vue sociologique. En effet, il en ressort en filigrane un sentiment d’absence de communication et d’empathie dans le couple. Un peu à la manière d’une relation dominant/dominé dans certains cas. Les épouses maintenant leur peine secrète jusqu’à l’explosion.
Mais d’une manière générale, ces unions paraissent plus subies que consenties par les deux partis. Nous avons déjà consacré une série d’articles sur les couples japonais que nous vous invitons à relire. Mais comme précisé plus haut dans l’article, il reste important de nuancer. Nuancer, pour ne pas stigmatiser ni l’homme, ni la femme. Nuancer, pour garder un regard critique, et ne pas sombrer dans l’accusation basée sur un préjugé quelconque, un biais cognitif malheureusement trop humain et délétère. Ces messages, aussi nombreux soient-ils, concernent une fraction de la population difficilement mesurable.
Entre l’homme forcément machiste et infidèle, ou la femme obligatoirement hystérique et folle, la tentation de se positionner vis-à-vis d’un simple commentaire pourrait être tentante. Cependant, ici l’esprit critique est de mise. Un commentaire pouvant être une fiction, une interprétation personnelle, un exercice cathartique… Mais aussi une réalité, ou le résultat d’un manque de compréhension. Dans tous les cas, ils ne sont que le reflet de l’avis de chaque personne, dans une situation déterminée et singulière où deux êtres sont impliqués.
Ce site pourrait être un excellent exutoire, dans le pays du masque social. Un endroit où tout se vit intérieurement, rien ne se dit… Nourrissant de terribles rancœurs et des explosions de haine ou de violences si forts qu’ils contrastent avec l’apparence de paix et d’harmonie qui se dégage de ce pays et de ses citoyens. Mais dans les faits, rappelons que ce site a fait scandale au Japon après la hausse des recherches et de la spéculation pour un complément alimentaire ayant causé la mort. Et c’est à cet instant que la frontière entre le fantasme et le passage à l’acte criminel entre en jeu.
Ce qui alarme ici est la volonté de régler le problème par la mort, ou bien la castration chimique du conjoint. Réduire sa libido, anéantir son érection et in fine, le symbole de sa masculinité, cause de tous les problèmes. Inverser le rapport de force, ou se libérer du joug d’un être tyrannique, devenu dégoûtant. Mais qu’en est-il vraiment ?
Il est aussi très étonnant de constater qu’il semble aisé au Japon de se procurer des molécules qui seraient inaccessibles sans ordonnance en France. Quels sont les canaux utilisés pour se procurer ce type de produits ? Plus inquiétant encore, quelle est la fréquence de ce type d’empoisonnement dans les couples japonais ? Nous le rappelons une fois encore, mais même au Japon, il existe de nombreux moyens légaux, de nombreuses associations d’aide aux victimes de violences conjugales, permettant d’éviter de passer par des méthodes criminelles.
Le mariage japonais, de la nécessité sociale à la haine…
…Sans ne jamais passer par l’amour.
Les unions sont effectivement très codifiées dans l’archipel. Encore de nos jours, beaucoup de mariages sont célébrés plus par nécessités économiques et sociales que par amour réel. Les Japonaises cherchent avant tout un bon parti qui inspire la sécurité économique. Prenons un exemple simple pour preuve : un très grand nombre de commentatrices mentionnent des enfants et des crédits; deux éléments prouvant une communauté de vie depuis déjà un certain temps. Certaines parlent des penchants toxiques de leurs conjoints, en mentionnant que ceux-ci étaient déjà présents au début de leur relation.
Un autre élément vient corroborer l’hypothèse de l’aspect de sécurité financière des unions. Beaucoup de commentaires mentionnent ouvertement les assurances vies pouvant être perçues au décès du conjoint. L’argent comme finalité ultime ?
Tous ces éléments mis bout à bout viennent confirmer l’aspect de nécessité que revêt le mariage au Japon : un impératif économique, ou capital social. La femme étant souvent bien moins payée que les hommes, mais aussi moins susceptibles de réaliser ses rêves et ses aspirations.
Il aura fallu un scandale sanitaire d’ampleur nationale, pour en faire éclater un second qui, de par son ampleur, semble encore pire. Il est peut-être ici question de milliers de personnes empoisonnées à leur insu. Avec en toile de fond un simple site d’expression libre, un bête exutoire à la fois triste et amusant pour les curieux, qui pourrait tout aussi bien être un incitateur de passage à l’acte…
– Gilles CHEMIN
