Poussons les portes d’un univers teinté de fantastique, dont l’énergie nous entraîne et le souffle mystique nous envoûte. L’artiste Kou met en scène un panthéon de yōkai, ces créatures surnaturelles venues de la mythologie et du folklore japonais, qui exercent un pouvoir de fascination intarissable.

Bienvenue dans un univers parallèle imprégné des croyances ancestrales du Japon. L’illustrateur Kou-7684 puise son inspiration dans des mythes et légendes souvent issus du shintoïsme. Il met au cœur de son œuvre des combats de yōkai gorgés d’énergie. Les Yōkai (妖怪), dont le terme signifie littéralement « apparitions mystérieuses » , sont des esprits fantomatiques, spectres tantôt malfaisants tantôt bienveillants, cruels ou facétieux, qui prennent la forme de monstres, de créatures et de démons. Si leur anatomie a souvent quelque chose d’humain, les yōkai peuvent parfois prendre l’apparence d’animaux. Quoi qu’il en soit, les siècles n’estompent pas leur pouvoir de fascination, et ces humanoïdes hantent toujours la culture populaire et urbaine contemporaine.

Artiste : Kou / Instagram

Les yōkai prennent vie sous les fins traits de crayon de Kou, mais le tracé n’en a pas moins de fermeté. Les traits dessinent des regards de fureur et des positions de détermination. Quant à la palette chromatique, elle-même exprime la dualité, thème souvent central de l’illustration. Le cercle chromatique arbitre ainsi un combat entre des couleurs complémentaires : orange et bleu-vert, rouge bordeaux et vert menthe.

Examinons ces yōkai de plus près. Ils doivent leur puissance destructrice ou créatrice à d’impressionnantes musculatures qui leur confère des airs démoniaques ou des allures de demi-dieux – on ne saurait dire. De quelque nature qu’elle soit, tout dans le dessin exprime leur vigueur : les courbures de traits qui expriment l’amplitude des mouvements, les yeux exorbités de colère, les chevelures bouclées exubérantes qui volent au vent, comme si les éléments eux-mêmes s’exerçaient au service de ces créatures surnaturelles. Si les yōkai prennent la pose dans des démonstrations de force, les images suggèrent aussi en filigrane leurs pouvoirs spirituels.

Artiste : Kou / Instagram

Kou explore le panthéon nippon des yōkai, chacun ayant ses attributs. Ici on aperçoit un oni () coiffé de cornes, toutes griffes acérées et canines pointures dehors ; là, Amabie (アマビエ), créature légendaire au bec d’oiseau et aux écailles de poisson. En temps de pandémie, cette sirène salvatrice, réputée pour ses vertus protectrices contre les épidémies, est devenue virale sur les réseaux sociaux. D’autres illustrations représentent des gashadokuro (がしゃどくろ), squelettes affamés de sang. Les darumas sont également au rendez-vous, signes de chance et de prospérité, porteurs des espoirs de réalisation de vœux.

L’artiste japonais orchestre la rencontre des yōkai et avec les humains. Les premiers menacent, attaquent et prennent en otages les seconds, de jeunes gens innocents, souvent de sveltes jeunes filles. Pour autant, dans le monde de Kou, les frêles silhouettes des jeunes filles ne sont pas synonymes de faiblesse, car les démons cyclopéens et autres monstres gargantuesques se retrouvent souvent soumis ou domptés. Dans cette imagerie, la force tranquille, l’équilibre et la sérénité des jeunes femmes l’emporte sur la colère et la puissance démoniaque des yōkai.

Artiste : Kou / Instagram

Kou a grandi un crayon à la main. Il a fait ses premières esquisses à l’entrée au collège, avant d’intégrer un lycée spécialisé puis une école d’art. Il s’est distingué pour ses peintures à l’huile du plus pur esprit japonais, avant de passer à l’illustration sur tablette tactile grâce à l’application mobile de dessin ibisPaint. Kou a ensuite puisé son inspiration dans l’univers du manga, notamment auprès du mangaka Akira Toriyama, créateur de Dragon Ball, et dans la série One Piece. Les travaux de l’illustrateur de bande dessinée Katsuya Terada ont également marqué son trait et ses lignes, son style de composition et ses personnages.

Artiste de la nouvelle génération, Kou surfe aujourd’hui sur l’art numérique. Il fait la promotion de ses travaux sur les réseaux sociaux (Instagram, Twitter, Pinterest…). Grâce au soutien de ses followers, il bénéficie d’une interactivité inspirante avec son public et d’échanges féconds. Exposant aussi ses travaux sur des galeries d’art numériques, Kou s’inscrit dans la lignée d’une culture nippone du manga et de l’anime qui connaît un succès croissant à l’international. Ses œuvres sont même déclinées en produits dérivés présentés sur des marketplaces et des sites spécialisés.

Artiste : Kou / Instagram

La vulnérabilité de l’Homme et son impuissance face aux phénomènes naturels fascinent et interrogent l’artiste qui les confronte à de redoutables créatures. Kou construit et signe avec bio un chaos pictural qui ne doit rien au hasard, où tout n’est que combat de forces mystiques, dynamique et esthétique des mouvements.

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