En 1949, un évènement singulier allait marquer le Japon à jamais. Les services secrets nippons ont longtemps gardé secret ces documents qui mettaient directement en cause le gouvernement d’après guerre, toujours constitué de certains hauts responsables d’atrocités. Ces images d’archive révèlent les détails d’un épisode mystérieux de l’histoire moderne du Japon. Voici leur histoire.
(Ceci est un docu-fiction basé sur des faits réels)
Au matin du 22 décembre 1948, 63 masques nô terrifiants seraient apparus simultanément dans différents établissements scolaires de l’archipel nippon suite à un tremblement de terre majeur qui frappa la préfecture de Fukui. Les témoignages décrivent des visages terrifiants, de différentes formes, âges et aspects, flottant dans les airs, face à des élèves horrifiés. On en observa de quatre types : les démons, les vieillards, les femmes et les masques d’enfants.
Des témoins de l’époque rapportent qu’on pouvait percevoir le souffle de leur respiration dans la froideur hivernale des classes non-chauffée mais l’information n’a jamais pu être confirmée. Ces masques fantomatiques seraient restés là à observer les élèves pendant plusieurs minutes, pétrifiant les enfants et leur professeur. Puis, ils disparurent soudainement. Une semaine jour pour jour après cet étrange évènement, les masques allaient réapparaître aux mêmes endroits, à la même heure. Mais cette fois, ils se mirent à parler, à la grande stupeur des professeurs et enquêteurs venus étudier cette étrange apparition.
Koki Hirota… Iwane Matsui… Akira Mutō… Chaque masque donna le nom d’une personne, puis d’une autre, et une autre… Les spectateurs présents se regardèrent un instant, mais personne ne répondait à ces noms. Les minutes et les heures passèrent sans fatiguer un instant les esprits. Pendant 42 heures, de jour comme de nuit, chaque masque souffla le nom d’un japonais à raison d’un nom toute les 3 secondes.
Certains articulaient d’une voie grave et formelle, d’autres d’une voix fluette peut-être plus angoissante encore. Les masques de femmes ne pouvaient s’empêcher de laisser échapper un léger rictus inquiétant entre chaque appellation. Au total, pas moins de 3.175.263 millions d’identités furent comptabilisées. Après 42 heures exactement, les masques cessaient soudainement leur exercice, et, en quelques instants, se désintégraient, laissant derrière eux un petit monticule de sciures de bois.
La rumeur se répandit vite à travers le Japon et alimenta de nombreux récits horrifiques sur un type de yokaï décrits par les textes anciens. Mais d’ici peu, les japonais découvriraient une véritable raison d’avoir peur. En effet, des signalements de disparitions étranges et avis de décès inexpliqués allaient se multiplier dans les jours qui suivirent ces apparitions et ce partout à travers le Japon. Il ne fallut pas très longtemps pour que les services secrets japonais fassent le rapprochement. Chaque nom cité par ces créatures d’un autre monde correspondait à un citoyen japonais bien réel dont 99% étaient des hommes.
Ces morts mystérieuses commençaient à s’accumuler de manière inquiétante quand le gouvernement japonais prit la très discrète mais radicale décision de mettre sous observation toutes les personnes concernées par cette liste d’identités. Celle qu’on nommait déjà, la liste des condamnés. Des camps de fortune furent érigés aux quatre coins du Japon. Pendant des jours, les camions militaires allaient et venaient, avec l’aide matérielle des occupants américains. Rien n’y a fait. Les « maudits » mourraient les uns après les autres de crises cardiaques, de faim inexpliquée, d’auto-mutilation, de dessèchement. On retrouva certaines victimes les yeux crevés dans leur chambre. D’autres prenaient feu de manière spontanée. D’autres encore se jetaient par les fenêtres des dortoirs. Les efforts des autorités furent vains. En quelques semaines, les 3.175.263 millions de japonais perdirent la vie sans que rien n’eut été possible de faire pour les sauver, sans explication rationnelle, sans autre forme de procès.
Si le pays fut marqué à jamais par cet événement étrange qui brisa de nombreuses familles, cette page de l’histoire moderne fut rapidement étouffée par les autorités, et toute personne voulant en parler publiquement fut discréditée, si bien que ceci devint un mythe parmi d’autres, une illusion collective sur fond de maladie mortelle inconnue.
Pourtant, les étudiants de ces 63 classes n’ont jamais pu oublier ces visages qui continuent d’hanter leur mémoire. Ce n’est que dernièrement qu’un dossier ultra secret fut dévoilé par un haut fonctionnaire japonais de 92 ans. Les autorités de l’époque avaient réussi à trouver la cause commune qui liaient toutes ces personnes disparues…
Il fut déterminé que chacune de ces personnes maudites fut impliquée dans l’armée impériale japonaise au cours de sa vie et plus particulièrement dans l’occupation des pays limitrophes. Selon leur dossier, la plupart d’entre eux avaient commis ou participé activement à des exactions de guerre au cours des décennies précédentes sur les populations asiatiques. Viols, tortures, exécutions sommaires et expérimentations médicales dans des laboratoires secrets, la violence des militaires japonais fut-t-elle que le nombre de leurs morts reste difficile à chiffrer encore aujourd’hui. Tous les historiens s’accordent à dire que ce nombre se compte en millions.
Un chercheur japonais, le physicien Hideki Tōjō, a théorisé que, dans une singularité inexpliquée de l’espace-temps, il était envisageable que l’énergie de vie des nombreuses victimes assassinées par le régime japonais se soient agglomérées, basculant temporairement dans le monde des vivants. Leur souffrance et désir de vengeance étaient si grand, qu’ils emportèrent les responsables de ces exactions dans les tréfonds des enfers.
Il est aussi dit que c’est depuis cet événement marquant, dont personne n’ose plus parler, que le Japon est profondément Pacifiste. Encore aujourd’hui, dans les écoles de ces apparitions étranges, les mauvais élèves peuvent parfois sentir dans leur nuque le souffle des masques maudis…
Texte fictif et concept-art : Mr Japanization (D.K.). Images générées sur base de photographies personnelles de masques antiques nô de notre collection avec l’aide de l’intelligence artificielle Midjourney et post-production. Toutes les photos de la série seront disponibles sur notre Instagram.
NB : Information bien réelle. Depuis son invasion de la Chine en 1937 jusqu’à la fin de la guerre, on estime que l’armée japonaise aurait fait entre 3 et 10 millions de morts dans les différents pays d’Asie occupés. Les noms cités dans le texte sont également bien réels.
