7 années ont passé depuis la catastrophe. Un temps qui peut sembler long à l’échelle d’une vie mais qui n’est rien quand il s’agit de réparer les dégâts causés par un désastre nucléaire tel que celui de Fukushima. Comme on pouvait le prévoir, la population Japonaise devra en payer le prix pendant encore plusieurs décennies, tant du point de vue écologique, de la santé publique mais aussi économique. Les récents chiffres concernant le démantèlement de la centrale font froid dans le dos.

Fukushima, c’est avant tout un coût humain incalculable en terme de mise en danger directe ou indirecte des populations par les conséquences de ce désastre. On pense aux milliers ouvriers qui risquent actuellement leur santé sur place en participant au démantèlement de la centrale, au nombre de cancers de la thyroïde en augmentation constante que les autorités peine toujours à relier à l’accident nucléaire, aux populations déplacées en masse désormais contraintes, pour nombre, à revenir habiter sur des terres contaminées.

Des zones autrefois habitées sont mortes et seront difficiles à faire revivre.

Du point de vue écologique aussi, l’ardoise est salée : l’atmosphère et les sols sont pollués par la radioactivité sur plusieurs centaines de kilomètres carrés autour de la centrale et pour des milliers d’années. L’océan et sa faune également puisque l’eau contaminée qui sert constamment à refroidir les réacteurs s’y écoule faute de solutions de stockage et de décontamination efficaces pour traiter ces volumes faramineux. Mais ces données restent relativement mal chiffrées et libres d’interprétation selon les sources et les orientations idéologiques sur le nucléaire et cet « amour-haine » que les japonais lui vouent.

Près de 10 millions de sacs géants contenant de la terre contaminée entreposés à Fukushima.

Par contre, le coût économique de la catastrophe est bien chiffrable lui, et les Japonais vont devoir en assumer le financement pendant les prochaines décennies, aggravant un peu plus l’état de leur dette colossale. Une source officielle mais souhaitant garder l’anonymat a récemment déclaré au Japan Times qu’un financement de 220 milliards de yen annuel supplémentaires sera nécessaire pour couvrir les frais de démantèlement de la centrale et ce jusqu’en 2021 au moins.

Pas moins de la moitié de cette somme sera consacrée au stockage et à la décontamination de l’eau des piscines de refroidissement. Une partie de l’argent devrait être consacré à la découverte d’un moyen pour retirer le combustible ayant fondu dans les réacteurs en 2011 et dont l’accès est extrêmement difficile en raison du niveau de radiation toujours élevé dans la zone immédiate. Un enjeu hautement vital pour mettre définitivement fin à la source de l’incident.

Des débris à évacuer à l’intérieur de la centrale. Source : Flickr

Ce plan de financement élaboré par Tepco et l’association de Compensation des dégâts du nucléaire et de la facilitation du Démantèlement (la Nuclear Damage Compensation And Decommissioning Facilitation Corporation, abrégé NDF) doit encore être approuvé par le ministère de l’Industrie. De plus, la NDF a revu à la hausse le coût total du démantèlement entier de la centrale de Fukushima : il est désormais estimé à 8 000 milliards de yen, soit quatre fois l’estimation initiale (60 milliards d’euros). Le gouvernement japonais de son côté estime l’impact total de la catastrophe à 21 500 milliards de yen. Des montants si élevés qu’ils finissent par en devenir totalement abstraits. Et pourtant, ils pèsent indirectement sur l’économie du pays déjà précaire.

Une question inévitable se pose pour tous les pays qui ont fait du nucléaire leur source principale d’énergie. Un pays comme la France, dont les centrales sont vieillissantes (30,5 ans d’âge en moyenne) pourrait-il affronter un tel choc économique ? Fukushima doit-il servir de « modèle » pour ces nations alors même que des solutions énergétiques durables gagnent en popularité et en efficacité ? La préfecture Fukushima, elle, est bien décidée à prendre la virage de la transition énergétique avec pour objectif de fournir 100% d’énergie d’origine renouvelable à moyen terme. Pendant ce temps, en France, des experts s’alertent sur l’état de sûreté inquiétant de plusieurs centrales françaises…

S. Barret


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Sources : oilprice.com / japantimes.co.jp / www.fukushima-blog.com / Photographie d’entête par Guillaume Bression et Carlos Ayesta. 2011.