L’enfant du tsunami, c’est le premier roman d’Eva Kopp. Une histoire inscrite dans la terrible catastrophe qui a frappé le Japon le 11 mars 2011. Un récit qui mêle la fiction et l’horrible réalité que vécurent et vivent toujours des milliers de Japonais.

Un rêve prémonitoire, une immense vague, la veille du fatidique 11 mars 2011. Et le choc de la réalité le lendemain, sur toutes les télévisions. Des images qui n’ont pas quitté les mémoires et qui ne quitteront pas celles des gens qui l’ont vécu. C’est le point de départ pour Eva Kopp, bouleversée, de cinq années de recherche, de documentation, de rencontres pour aboutir à son premier roman, « L’enfant du tsunami ».

Source : flickr

L’enfant du tsunami, c’est Néthanel, un bébé « gaijin » qui sera sauvé miraculeusement et qui ira grandir en France chez son oncle maternel, Achille, et sa compagne Maïwen dont il bouleversera la vie. Mais pas seulement. C’est aussi les destins de Junko, une jeune institutrice vivant dans une ferme à Miyagi (région proche de Fukushima) avec son grand-père Kiyotane, de Hiro le pompier qui sauva Néthanel, et de leurs proches. Chacun va devoir réapprendre à vivre après la catastrophe, à dépasser les réactions inattendues ou ignobles de son entourage, à écouter et comprendre ses propres sentiments pour aller de l’avant. L’auteur nous narre ces existences en quelques lignes, passant rapidement d’un personnage à l’autre, imposant ainsi au récit un rythme soutenu. Des vies qui s’étalent sur plusieurs années et qui vont sans le savoir se rapprocher les unes des autres au fil des pages.

Dans le quotidien de ses personnages de fiction, l’auteur a glissé des faits réels renforçant son récit, issus de ses recherches : le sacrifice du directeur de la centrale de Fukushima qui désobéit aux autorités en arrosant d’eau de mer les réacteurs 1 & 2 pour les empêcher d’exploser, sauvant l’est du Japon mais se condamnant lui et les hommes qui l’ont aidé à une mort certaine. Le parcours du patineur Yuzuru Hanyû qui, alors adolescent, échappa de peu à la mort lors du tremblement de terre pour parvenir des années après au sommet de sa discipline. Les conséquences de la contamination au césium que des populations non déplacées doivent subir et qui, sombre présage, fit muter des papillons sur plusieurs générations. Le gouvernement japonais qui tient à rassurer le peuple à coup de communication douteuse. L’énorme travail de décontamination qui attend le Japon pour des décennies. Le pin de Rikuzentakata…

La couverture

L’auteur se pose en observatrice des faits et de la psychologie des personnages qu’elle nous déroule, sans jugement, brut. Une posture que le lecteur est invité à reprendre pour saisir toute l’intensité d’un évènement qui marque l’histoire. Eva Kopp l’interpelle parfois directement ce lecteur, pour l’immerger dans la vague des émotions qui secoue ses personnages. Parler plus avant de « L’enfant du tsunami » est quasi-impossible, si ce n’est inutile. C’est un récit empreint de sensibilité qui se vit, se ressent davantage qu’on ne peut l’expliquer sans lui retirer toute sa saveur, toutes les sensations, les réflexions que sa lecture fera naitre chez chaque lecteur. Il lui appartiendra aussi, tout comme aux personnages, de trouver le sens caché de l’oiseau métallique, du renard, de l’écureuil. Les futurs lecteurs comprendront.

« L’enfant du tsunami » de Eva Kopp disponible aux éditions Pierre Philippe, 175 pages, ISBN : 2940602131.

S. Barret


Sources : L’enfant du tsunami d’Eva Kopp. Photographie : Toshiyuki Tsunenari

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