Issei Sagawa est décédé à Tokyo ce 24 novembre 2022, à l’âge de 73 ans. Plus de quarante ans plus tôt, en 1981, son nom avait été rendu célèbre après avoir été arrêté à Paris. L’accusation ? Meurtre, nécrophilie et acte de cannibalisme sur une jeune étudiante néerlandaise. Retour sur cette histoire macabre.

Le cas d’Issei Sagawa est particulièrement perturbant. Après avoir commis de nombreuses atrocités, ce japonais est mort cette année sans jamais avoir exprimé aucun remord. Pire encore, de son vivant, il avait mis son crime en scène et en fit même commerce. Entre fascination morbide, couacs judiciaires, célébrité et défauts de coopération internationale, retour sur l’une des histoires criminelles les plus dérangeantes de ces dernières décennies.

Un début de vie chaotique

Issei Sagawa est né le 26 avril 1949 dans la ville de Köbe au Japon, avec une cuillère d’argent dans la bouche : il est le fils d’un riche industriel et d’une mère protectrice.

A l’âge de 2 ans, atteint d’une encéphalite japonaise, le jeune Issei manque de mourir. Mais avec les efforts du corps médical et par un grand miracle, il parvient à s’en sortir. Seulement, cet épisode lui laisse des traces pour le restant de ses jours. D’abord, il conserve toute sa vie une corpulence assez fragile, mesurant 1 mètre 52 pour un poids aux alentours des 35 kg. Mais l’encéphalite japonaise, en plus de son taux de mortalité relativement élevé, est aussi connue pour laisser aux survivants des séquelles psychiatriques dans 30 à 50 % des cas.

De fait, après avoir survécu à cette maladie mortelle, sa mère, désemparée, le couve d’une manière obsessionnelle, notamment en le gavant de nourriture. Elle le force alors quotidiennement à manger davantage pour qu’il reprenne du poids. Selon certains experts psychiatres, ce comportement maternel aurait probablement favorisé, plus tard, les pulsions cannibalistiques de Issei Sagawa.

Dans une de ses déclarations, on apprend aussi qu’un jeu innocent de son enfance aurait aidé à nourrir ses envies de chair humaine. Son oncle et son père aimaient jouer avec son frère, en prétendant être des géants mangeurs d’enfants. Rien de bien étrange, sauf pour l’esprit déjà perturbé du petit Issei…

En 1972, toute la famille Sagawa quitte la ville de Köbe, direction la capitale : Tokyo. Issei est alors un jeune homme frêle de 23 ans et cultive une intelligence qui lui permet d’étudier, mais il porte également en lui des fantasmes de plus en plus alarmants qu’il a développés pendant l’adolescence.

Grand fan de l’actrice Grace Kelly, il rêve aussi de la manger. Rencontrer Grace Kelly n’est toutefois – heureusement pour elle – pas chose aisée dans les rues animées de la capitale japonaise. Or, de Grace Kelly à son phénotype, par un étrange amalgame dont seul un esprit dérangé peut avoir la recette, son désir se cristallise alors sur les jeunes femmes de type Caucasiennes, dont il rêve de consommer la chair, littéralement et au figuré.

Comble de l’horreur, donc, son appétit cannibale se lie plus intensément que jamais à ses pulsions sexuelles ; et c’est poussé par cette double envie dérangeante qu’au cours de la même année 1972, celui-ci ose s’introduire par effraction dans l’appartement d’une jeune étudiante allemande, avec le but inavoué de la dévorer. Par chance, notre Hannibal Lecter Nippon est très faible physiquement et sa victime parvient à le maîtriser avant qu’il n’agisse.

La police l’interpelle alors sur place et ce dernier est de suite accusé de tentative d’agression sexuelle. En effet, il n’avoue pas sur le moment être entré avec d’autres crimes en tête, sévèrement morbides. En outre, même la plainte initiale ne trouve finalement pas suite auprès de la justice puisque le riche père du cannibale en puissance propose une somme importante à la victime afin que celle-ci abandonne les poursuites contre son fils.

Après ce triste épisode, les années passent et Issei ne guérit pas de ses pulsions qui continuent de le ronger en silence. Si l’argent du père a pu lui sauver la mise une fois, l’or n’est pas connu pour soigner les esprits.

 

Un crime abominable

1981, date fatidique. Issei Sagawa est alors étudiant en littérature à la Sorbonne, à Paris, et tente de vivre de ses écrits. Il est arrivé dans la capitale en 1977. Elève studieux et discret, notre Japonais se fond dans la masse et paraît inoffensif de par sa frêle carrure.

C’est durant ces années qu’il va se lier d’amitié avec une jeune étudiante néerlandaise, Renée Hartevelt. Ceux-ci se voient régulièrement autour d’un repas, ou dans l’appartement parisien d’Issei, afin de pratiquer l’allemand. Mais l’appétit dérangé de ce dernier se projette petit à petit sur sa nouvelle amie. Issei ne rêve plus que d’une chose : goûter à sa chair.

C’est alors qu’il échafaude un plan afin de pouvoir réaliser ses fantasmes. Il commence par s’acheter une arme de calibre 22LR, connue pour être petite et peu bruyante, mais néanmoins létale à courte portée. Puis, il prétexte vouloir faire lire des poèmes à Renée Hartevelt afin de l’attirer dans son appartement. Le bureau faisant face à un mur, elle lui tournerait le dos : il avait tout pensé dans les moindres détails, jusqu’à enregistrer la scène avec un magnétophone, sous le prétexte d’un travail universitaire sur la poésie allemande.

Sur la fameuse bande sonore, on peut ainsi entendre la voix de la jeune femme récitant les vers, suivi d’un coup de feu étouffé par un silencieux. Ensuite, un bruit lourd évoquant la chute du corps sur le sol. Sagawa, en cette soirée du 11 juin 1981, vient d’abattre la jeune étudiante d’une balle dans la nuque. Il avait plusieurs fois fait venir des prostituées chez lui, mais n’avait jamais osé passer à l’acte. Mais là, devant le fait accompli, le pire restait encore à venir.

Nous éviterons de rentrer dans les détails les plus morbides par respect pour la victime et pour ne pas faire l’apologie de son bourreau, mais nous invitons nos lecteurs les plus sensibles à tout de même sauter au chapitre suivant.

La jeune fille est donc assassinée. Mais Sagawa ne s’arrête pas là et fait subir un viol post-mortem à la dépouille de sa victime. Mais comme si la nécrophilie ne suffisait pas, il poursuit en prélevant près de 7 kg de chair sur le corps de Renée Hartevelt. Le nez, les lèvres, la langue, des morceaux des membres, l’anus, et bien d’autres parties seront découpées au couteau et dévorées. Afin de rajouter à l’abjection d’un tel acte, à mesure qu’il mutile le cadavre, le jeune étudiant prend plus de 39 photos.

L’horreur durera trois jours ininterrompus à l’intérieur de l’espace confiné.

Après ces trois jours de cannibalisme, Issei se résout à se débarrasser du cadavre. Il cache alors les restes dans des valises et appelle un taxi, direction le Bois-de-Boulogne. Devant le poids anormalement lourd des valises, et par un étonnant jeu de coïncidences, le chauffeur demande d’ailleurs avec légèreté à Sagawa si les valises contiennent un cadavre…

Arrivé sur place, notre homme est rappelé à la réalité par la luminosité du ciel parisien qui se lève à huit heures du matin au mois de juin : beaucoup de personnes sont d’ailleurs déjà dans le parc afin de prendre un bain de soleil. Malgré tout, Issei atteint le bord du lac sans se faire remarquer et tente donc d’abandonner les valises. Toutefois, un homme de passage (ou un couple selon les versions) ouvre assez rapidement l’une d’elles et, s’apercevant qu’elle contient des restes humains, hurle « Assassin » !

Pris de panique, Sagawa prend la fuite. La police, quant à elle, une fois arrivée sur les lieux, fait l’affreux constat du contenu des valises. Un appel à témoin est immédiatement lancé dans la foulée, et le chauffeur de taxi est retrouvé, joignant son témoignage au dossier, ainsi que la précieuse adresse de l’assassin,… rapidement arrêté à son domicile.

Aussi la perquisition révèle-t-elle des scènes inimaginables…restes humains dans des assiettes en carton, entreposées dans le réfrigérateur, et des sols encore tachés de sang.

Un effroyable concours de circonstance judiciaire

Durant son interrogatoire, les agents de police du 36 quai des orfèvres n’en croient pas leurs oreilles, ni leurs yeux : ce Japonais à l’allure si chétive, leur dit d’un calme confondant que s’il avait disposé d’un congélateur dans son appartement, alors ceux-ci ne l’auraient jamais arrêté !

Pire encore, pour lui, ce meurtre relève d’une simple œuvre artistique… Assertion que nous nous permettons de contester ayant eu accès aux photos de la dépouille lors de recherches. Pour l’anecdote, ce sont des journalistes français qui ont publié ces photos, faisant ainsi fi de la douleur éprouvée par la famille de la victime.

Bien que le meurtre ait été prémédité bien avant les faits, écartant de ce fait la qualification de meurtre sans préméditation, il faudra tout de même que Sagawa se soumette à des expertises psychiatriques. Et de fait, ces dernières concluent toutes sans surprise qu’il n’est pas apte à être jugé pour ses crimes d’un point de vue pénal.

Cependant, devant la dangerosité évidente que représente le jeune homme, il est immédiatement envoyé en hôpital psychiatrique, dès 1983. Plus précisément dans l’Unité pour malades difficiles de Villejuif dans le Val-de-Marne. Or, il n’y reste finalement qu’un an.

Durant cette année, il écrit tout de même un livre, « Kiri no Naka » (霧の中, où en français Dans le brouillard), une œuvre de fiction étrangement similaire à sa propre histoire… qui devient un best-seller.

La fascination morbide pour les éléments les plus violents de la race humaine pousse le public à se procurer le livre de celui que la presse surnomme à cette époque « le cannibale Japonais ». Ce premier pas de l’ombre du crime vers la lumière littéraire et médiatique, annonce le début d’une certaine célébrité pour ce criminel, dans l’archipel nippon et à l’international.

Toutefois, parallèlement, les procédures judiciaires continuent. C’est donc son père qui vient de nouveau à son secours en engageant un excellent avocat : un avocat qui parvient au prix d’une très habile contorsion rhétorique, à persuader les juges et l’Etat que le contribuable français ne devrait pas avoir vocation à faire vivre, ni à soigner un assassin cannibale à ses frais dans l’hexagone. Ce qui pousse les autorités à extrader le criminel vers son pays d’origine.

Et c’est après un an seulement d’internement en France que Sagawa est donc expatrié vers sa terre natale où il reste encore un an en hôpital psychiatrique dans la ville de Tokyo, avec une simple interdiction de séjour en France. Un portrait psychiatrique sous la coupe de la justice japonaise, très peu disposée à voir sortir un élément aussi dangereux en liberté sur ses terres, le déclare apte à recevoir un jugement, bien que diagnostiqué d’un très vague « trouble de la personnalité ».

Seulement voilà : le jugement prononcé en France quelques années auparavant, par un abominable concours de circonstances juridico-administratif, rend impossible toute condamnation sur les terres japonaises. En vertu du droit international, il est alors interdit de modifier le non-lieu pour raison psychiatrique délivré par la France. Chose étonnante : Issei Sagawa est quand même libéré du système psychiatrique. Le jeune trentenaire se retrouve ainsi libre, sous une fausse identité, en 1985.

De l’ombre à la lumière : une célébrité dérangeante.

Dans un premier temps, notre homme trouve ainsi un travail comme professeur de français sous une nouvelle identité, dans la ville de Yokohama. Mais très vite, il se fait démasquer, le contraignant à renoncer à cet emploi.

Financièrement dans l’impasse, il vit surtout sans surveillance ni suivi psychiatrique, mis à part un très léger traitement à base d’antidépresseur… Sans source de revenu, il vit alors au crochet de ses richissimes parents.

Mais, en 1989, un événement le remet sur le devant de la scène et lui apporte une relative gloire médiatique. Un tueur d’enfant vient à cette époque de se faire arrêter dans la ville de Köbe, avec un modus operandi ressemblant un peu au crime de Sagawa. Les enfants étaient assassinés, puis violés et dépecés.

Pour rappel, la situation économique du Japon est à ce moment-là à son apogée, et divers médias se rappellent que Sagawa est libre et se permettent donc de l’embaucher : ils lui commandent alors une série d’articles grassement payés sur l’affaire, l’affublant d’une sorte de titre de consultant en raison de son… expertise ?… Et l’homme qui depuis lors avait plus ou moins sombré dans l’oubli, fait donc un retour dans l’espace médiatique, le galvanisant au point de reprendre l’écriture.

Et tout y passera : œuvres littéraires et artistiques, du roman à la bande dessinée en passant par la peinture. Tout de son œuvre transpire l’apologie et la nostalgie de son acte, qu’il ne regrettera que partiellement, en apparence.

Ce sont ainsi pas moins de 20 « œuvres » produites par le cerveau malade du cannibale, d’un goût assez douteux, qui sont publiées de 1990 à sa mort. Les titres font dans le sensationnel et le toxique, avec pêle-mêle :

Taberaretai (食べられたい, « J’aimerais être mangé »), août 1993 ;
Hana no Pari ai no Pari (花のパリ愛のパリ, « Paris des fleurs, Paris de l’amour »), 1994 ;
Kanibaru (饗 カニバル, « Cannibale »), février 1996 ;
Koroshitai yatsura (殺したい奴ら, « Ceux que j’ai envie de tuer »), 1997 ;
Pari jinniku jiken (パリ人肉事件, « L’affaire de la chair humaine de Paris »), février 1998

Un éditeur lui a même passé une commande d’un manga relatant son crime. Avec succès, puisque le manga « Sagawa-san » est publié et, une fois encore, se vend à grande échelle. Pourtant, le dessin est laid, le style aussi élaboré que pourrait être celui d’un enfant de 6 ans, chaque page est plus dérangeante que la précédente, et permettent un peu plus de s’apercevoir du manque de regret et d’empathie du cannibale japonais. Il se dépeint lui-même lors de l’acte avec un sourire et un langage verbal de satisfaction ; son personnage sourit, fait des clins d’œil, mais surtout est toujours dans une position de domination. S’en dégage un climat d’autosatisfaction, quasi érotico-maniaque de l’ensemble de ce torchon.

Pire encore, il aurait même reçu des demandes de dédicace en grand nombre. Un de ses romans, reprenant en partie l’évaluation psychiatrique réalisée en France, est illustré des photos du cadavre de sa jeune victime. Sagawa lui-même déplore la vulgarité de ses actes, mais pour autant, il réaffirme sans cesse le plaisir morbide de ces derniers puisqu’il insiste à se remémorer son crime en le décrivant en boucle, de mille et une manières.

Sagawa devient aussi connu durant cette période pour l’écriture de critiques gastronomiques.

Presque tous ses romans se vendent comme des best-sellers, mais comble de l’ironie, Sagawa devient aussi connu durant cette période pour l’écriture de critiques gastronomiques.

Oui vous ne rêvez pas : un cannibale est devenu critique culinaire pour différents organes de presse. Mais le pire reste à venir. Toujours au cours de la décennie de 1990, celui-ci est tout simplement recruté afin de jouer dans une publicité pour une entreprise de viande.

Comble du mauvais goût, sa présence récurrente dans les médias en font un personnage médiatique très connu du grand public. Tout semble tourner autour de la fascination que suscite ce dégoutant personnage et son œuvre macabre. Il en aurait peut-être été autrement si le crime avait eu lieu au Japon; mais le fait que l’homme ait dévoré une Hollandaise dans la capitale française n’a donc aucunement semblé émouvoir ses contemporains, friands de suivre les récits et frasques du cannibale japonais tout au long de sa vie…

Sagawa tourne dans quelques productions pornographiques, dont une particulièrement abjecte car reprenant nombre de codes en rapport avec son crime.

Histoire d’en rajouter une couche, Sagawa tourne dans quelques productions pornographiques, dont une particulièrement abjecte car reprenant nombre de codes en rapport avec son crime. « L’action » se déroule dans un décor fortement inspiré des Pays-Bas, avec des demoiselles de type Caucasien. Tout, absolument tout dans la vie de Sagawa, tourne autour des tragiques événements de 1981. Il fréquentera d’ailleurs, sans leurs avouer ses crimes, des jeunes femmes occidentales en abondance durant sa vie, voyageant même avec certaines d’entre elles à travers le monde.

Toujours dans les années 90, il est demandé à une actrice pornographique, qui ne connait alors pas Sagawa, d’aller passer 24 heures avec lui afin de tourner au total trois scènes de rapports sexuels. Mais ce qu’elle ne sait pas lorsqu’elle accepte, c’est qu’elle vient de tomber dans le piège conjoint de Sagawa et des réalisateurs du film ; puisqu’à la fin du tournage, les hommes lui présentent ses romans, photos de son crime à l’appui et racontent en détail l’intégralité du meurtre. L’actrice est filmée durant cette révélation, et interviewée à la fin de ce huis-clos sexuel de 24 heures avec le meurtrier, bien entendu sous le choc.

Fait troublant, par un mécanisme que nous n’aurons pas la prétention d’expliquer, ni de juger n’étant pas psychiatres : celle-ci se lie d’amitié avec Sagawa par la suite, selon les dires de celui-ci.

De la lumière aux ténèbres de l’oubli

2000 : le nouveau millénaire vient sonner la fin de la gloire dérangeante d’Issei Sagawa. Les éditeurs ne se bousculent plus et la fascination autour de ce bien singulier personnage est définitivement retombée. L’homme vit alors avec son frère dans un appartement de la banlieue de Tokyo dont il peine à payer le loyer.

Bien qu’aucune récidive ne lui soit connue jusqu’à sa mort, celui-ci ne cachera jamais continuer de ressentir des pulsions et des envies cannibales, mais davantage pour les jeunes japonaises.

Sagawa avouera même dans un reportage accordé au média Vice devoir se masturber afin de faire disparaître son envie de chair humaine, mais qu’il était terrifié depuis qu’il avait perdu la capacité d’avoir des érections. Selon lui, il avait peur que l’impossibilité de s’adonner à l’onanisme ne vienne faire monter en puissance ses pulsions anthropophages.

Un dernier documentaire extrêmement dérangeant sorti en 2017, sous le titre de « Caniba », sera la dernière apparition de Sagawa. La bande-annonce de ce film fait dans le sensationnel : gros plans, bruits de déglutitionsLe parti-pris volontaire est de plonger le spectateur dans un voyage entre le dégoût et l’expérience sensorielle, véritable plongée dans l’esprit dérangé de Sagawa, qui apparaît alors fortement diminué, en lien avec divers problèmes de santé, notamment un AVC qui le cloue à un fauteuil roulant.

La mort de Sagawa 

Issei Sagawa s’est donc éteint le 24 novembre 2022, d’une pneumonie dans un hôpital de la capitale. Il n’aura en tout passé que 4 ans en détention et en hôpital psychiatrique sur une vie de 73 ans.

La disparition de ce personnage éveille en nous un bon nombre de questionnements sur la nature humaine ; d’où nous vient cette étonnante fascination pour les éléments les plus violents de notre espèce ? Pourquoi cette curiosité malsaine peut nous envahir, au point de ressentir le besoin impérieux de se plonger dans la psychologie de tels individus, mais pire encore, d’en consommer les œuvres ? Pourquoi un tel succès littéraire dans le cas de Sagawa ? Pourquoi autant d’adaptations filmiques de parcours de criminels, comme ce fut le cas récemment avec Jeffrey Dahmer ? Pourquoi des tueurs en série comme Ted Bundy pouvaient recevoir des demandes en mariage de centaines de femmes ?

Une chose reste sûre, Sagawa représente un terrifiant mystère qui continuera certainement de survivre après sa mort récente. En guise de conclusion du documentaire, Issei Sagawa déclarait en 2013 à l’équipe de Vice :

« Il aurait été plus simple de mourir. J’aurais vraiment voulu qu’ils me condamnent à mort. La mort est mon seul espoir. Récemment, plus que l’envie de manger quelqu’un, j’ai l’envie qu’on me tue. Je veux mourir en souffrant, déchiré lentement. Bien sûr, je préférerais être tué par une belle femme plutôt qu’un homme. Mais là encore, c’est un de mes fantasmes. »

– Gilles CHEMIN