Parmi les figures les plus connues du folklore japonais, le Maneki-neko, les Yōkai ou encore le Tanuki nous viennent tout de suite à l’esprit. Le Teru teru bôzu, « le moine brillant brillant » est moins célèbre mais jouit d’une grande popularité au Japon, en particulier en ce moment alors que la « Golden Week » se déroule sous une torrent de pluie. En effet, cette petite chose aurait le pouvoir de contrôler la pluie…

Les jours de pluie, l’observateur attentif de passage au Japon a sans doute déjà remarqué ce personnage aux allures de fantôme accroché aux fenêtres de maisons sans toujours en comprendre la signification. À l’origine de cette tradition qui remonte à l’ère Edo (1603-1868), on trouve l’histoire d’un moine bouddhiste qui aurait promis à des villageois de faire cesser les pluies diluviennes qui s’abattaient sur la région depuis plusieurs jours et qui menaçaient les récoltes grâce à ses prières. Ayant échoué, les habitants en colère l’aurait… décapité sauvagement ! Oui, ce n’est pas du Disney.

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En souvenir de cette légende populaire, les Japonais vont fabriquer une réplique en tissu de ce bonze. Ils suspendent la créature par la tête à leur fenêtre afin de demander aux esprits l’arrêt des pluies et bien sûr lui promettent le même sort funeste que son prédécesseur en cas d’échec ! Par contre, si la pluie cesse, la coutume veut qu’on remercie le Teru teru bôzu en versant sur lui un peu de saké avant de le jeter dans une rivière (rassurez-vous, rares sont ceux à encore le faire). Les Japonais confectionnent aussi des Teru teru bôzu la veille d’un évènement important pour s’assurer que le lendemain ne soit pas gâché par la pluie. À l’inverse, on peut aussi mettre son Teru teru bôzu la tête en bas pour réclamer de la pluie, on l’appelle alors « Ame ame bôzu » : « le moine pluvieux, pluvieux » ! Il servira à assurer de bonne récoltes en cas de sécheresse ou… pour pourrir le mariage d’une voisine insupportable ?

Source : Flickr

Pas besoin de matériel sophistiqué pour fabriquer son Teru teru bôzu, la petite poupée est facile à réaliser et c’est souvent les enfants qui se chargent joyeusement de cette petite besogne. Autrefois le Teru teru bôzu était fait en origami, mais de nos jours il suffit d’un vieux morceau de tissu blanc ou du papier qu’on rembourre au centre en formant une boule pour figurer la tête chauve (comme celle des bonzes), avec une ficelle de couleur pour fermer le cou, puis on dessine au feutre les traits du visage et enfin on ajoute un fil pour le suspendre. Souvent, le Teru teru bôzu est souriant (pour le moment), signe qu’il est à l’écoute, mais parfois sa bouche est en croix, ceci pour éviter qu’il refuse la demande… Une fois le Teru teru bôzu terminé, il faut lui chanter une petite comptine pour l’encourager (ou le menacer, selon le point de vue) :

Teru-teru-bozu, teru bozu
Fais que demain soit une journée ensoleillée
Comme parfois le ciel en rêve
S’il fait beau je te donnerai un grelot d’argent

Teru-teru-bozu, teru bozu
Fais que demain soit une journée ensoleillée
Si tu réalises mon rêve
Nous boirons beaucoup d’amazake (du saké sucré)

Teru-teru-bozu, teru bozu
Fais que demain soit une journée ensoleillée
Car s’il fait nuageux et que tu pleures
Je devrai te couper la tête

Toutefois, il y aurait une autre version de la comptine à la fin moins cruelle pour les enfants dont la dernière phrase serait « Je vais pleurer avec toi » au lieu de la promesse d’une décapitation. Il existe évidemment une version chantée, écrite en 1921 par le compositeur Shinpei Nakayama célèbre pour ses comptines et chansons populaires, dont l’air devrait vite vous rester en tête :

Votre poulpe dévoué retourne à la chasse aux informations sur le Japon et vous laisse une petit sélection de Teru teru bôzu fort bien mignons (ou pas).

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S. Barret


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Sources : bohnenhase.blogspot.fr / joranne.com