Photographe et réalisatrice de documentaires, Amélie Ravalec nous fait partager sa passion pour le Japon à travers un livre de photographies qu’elle a réalisé. Rencontre avec une artiste plus habituée à manier la caméra que l’appareil photo. Deux exemplaires de l’ouvrage seront par ailleurs offerts à nos amis tipeurs.

Japan Visions est un voyage évocateur à travers les rues du Japon, de la beauté traditionnelle des temples et jardins de Kyoto aux néons de Tokyo et sa culture underground. Japan Visions capture la beauté étrange du pays: robots et androïdes, poupées guillotinées, salles d’arcade cyberpunk… 

Réalisatrice indépendante, Amélie Ravalec a sorti en 2012 « Paris/Berlin: 20 Years Of Underground Techno » un documentaire musical sur la techno à travers deux capitales européennes et qui fut primé au Sydney Fringe Festival. Trois années plus tard elle signait un nouveau documentaire sur les origines de la musique industrielle intitulé « Industrial Soundtrack For The Urban Decay » (diffusé dans 30 pays). Elle travaille actuellement sur un autre projet, « Art & Mind« , une plongée dans l’histoire de l’art depuis les maîtres flamands de la Renaissance jusqu’au XXème siècle avec le surréalisme, l’Art Brut.

Pourtant, quand elle a visité le Japon en 2017, elle a laissé sa caméra de côté pour saisir un appareil photo forte de l’influence d’artistes japonais et de ce souci du détail propre aux Japonais qu’elle y a découvert. Et ce alors que de son propre aveu elle n’aime pas particulièrement prendre des photos. Poulpy a eu la chance d’interviewer Amélie Ravalec sur sa vision du Japon qu’elle décrit « visuellement fascinant«  et la manière dont son livre Japan Visions a pu voir le jour. Il est vrai qu’on ne se lasse pas de ces images que nous offrent chaque jour cet étonnant pays.

Poulpy : Vous êtes intéressée par le Japon depuis longtemps. Qu’est-ce qui a éveillé cet intérêt ?

Amélie Ravalec : La culture japonaise m’a toujours intéressée, et ces dernières années je me suis vraiment intéressé aux artistes et photographes japonais, en particulier des années 60, avec des artistes tels que Terayama Shuji, Moriyama Daido, Tadanori Yokoo, Awazu Kiyoshi, Eikoh Hosoe…

P : Quand vous vous êtes rendu au Japon quels sont les aspects particuliers typiquement japonais qui ont attiré votre attention ?

A. R. : J’aime beaucoup la contradiction entre le côté futuriste de Tokyo et celui très traditionnel du pays, et aussi la façon dont les Japonais accordent une attention et un soin très particulier à tout ce qu’ils produisent. J’aime aussi le fait qu’ils soient très organisés, les trains sont toujours à l’heure, les gens sont respectueux et toujours prêts à vous aider même s’ils ne parlent pas anglais.

Un contraste perpétuel entre le moderne et la tradition

P: Vous dites être fascinée par les photographes et les livres de photographies japonais, dans quelle mesure ont-ils influencé votre livre alors que vous confiez ne pas particulièrement aimer prendre des photos ?

A. R. : J’aime beaucoup les livres japonais, que ce soit en photographie ou en art, leurs mises en page sont bien plus recherchées, artistiques et novatrices que les livres d’art “classiques” européens. Le fait de consulter des dizaines de livres japonais ces dernières années a forcément dû influencer la façon dont j’ai édité mon livre. L’éditeur PIE international par exemple produit des livres absolument incroyables, mais aussi beaucoup de photographes indépendants. Beaucoup de livres de photos sont imprimés en pleine page, et ils ont également de nombreux formats différents, avec beaucoup de petits livres par exemple que j’aime beaucoup.

P : Hormis le montage que vous avez voulu selon la roue chromatique comment avez-vous sélectionné les photos figurant dans votre ouvrage ? En aviez-vous pris beaucoup ? le choix fut-il difficile ?

A. R. : J’en ai pris environ 3000, dont 500 que j’aimais bien. J’en avais au départ sélectionné 200 pour le livre et j’en ai enlevé petit a petit pour n’en garder que 100 au final. Il y en a beaucoup que j’aimais bien et que j’ai enlevé car elles n’allaient pas avec le reste, notamment les photos de jardins. J’ai aussi extrait toute une série de photos à partir d’un plan séquence de 20 minutes que j’ai filmé sur la ligne aérienne Yurikamome que j’aimerais sortir par la suite sous forme de flipbook.

P : J’ai noté la quasi absence de Japonais sur vos clichés pour valoriser des objets ou des paysages (urbains surtout), est-ce volontaire ? y a-t-il un message caché ?

A. R. : Pas vraiment non, ça me gêne toujours un peu de photographier les gens sans leur demander leur permission, donc je ne l’ai fait que quand ils n’étaient pas reconnaissables ou après leur avoir demandé.

P : Comment votre expérience plus marquée de réalisatrice a-t-elle inspiré la prise des photos et le montage de ce premier livre photographique ?

A. R. : Je pense que c’est surtout mon travail en tant que monteuse et étalonneuse qui m’a aidé sur le livre, le montage vidéo et l’édition photographique ont un élément de base assez semblable, j’aime beaucoup ce processus de choisir quelles photos (ou plans pour une vidéo) vont bien ensemble et dans quel ordre les arranger. J’ai passé six mois a éditer le livre et fait de nombreuses versions avant d’arriver à la version finale.

P : Quelles émotions, quelles « visions » aimeriez-vous faire naître chez le lecteur qui parcourt votre ouvrage ?

A. R. : J’espère que mon livre donnera envie au lecteur de découvrir le Japon et notamment la vision que j’en ai eue qui est forcément personnelle et subjective.

Pour découvrir toutes les photographies, rendez-vous sur le site de l’auteur. Et afin de remercier les tipeurs qui permettent à Mr Japanization d’exister, deux exemplaires de Japan Visions leur seront offerts. Participez ici. Soutenir notre travail.

Japan Visions – 日本のビジョン. Photographer: Amélie Ravalec. ISBN: 978-2-9565399-0-2

S. Barret


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Sources : amelie-ravalec.com / japannakama.co.uk / échange avec A. Ravalec