Voyager au Japon ? Quelle idée saugrenue ! Il existe un grand nombre de raisons de ne pas y mettre les pieds. Poulpy vous en liste quelques-unes…


NB : Attention, à lire avec humour. Le Japon n’est pas parfait. Toutes les cultures, tous les pays, ont leurs faiblesses et points forts.

1) Il y a des gens partout ! On étouffe !

FAUX. C’est bien connu, au Japon, on a neuf chances sur dix de mourir pendant les heures de pointe écrasé sous les piétinements d’une horde de salary-men qui se battent pour entrer dans leur métro… Eh non ! S’il existe nombre de vidéos populaires où on peut observer la foule se déplacer dans les rues de Tokyo, notamment le plus souvent sur le grand carrefour de Shibuya, c’est très loin d’être une généralité. En vivant à Tokyo centre, j’ai été étonnée de constater que la population japonaise est tout sauf asphyxiante. Il arrive même fréquemment que les rues soient incroyablement désertées, dès qu’on quitte un peu les rues principales.

Il y a plusieurs raisons à ce préjugé. Tout d’abord, il est vrai que la démographie est particulièrement élevée : 13 millions d’habitants ! Autant que la Belgique dans un espace restreint. Et pourtant, on est très loin d’être submergé par une masse d’individus grouillants pour survivre à l’ère moderne. Une grande raison à cela, c’est leur organisation et leur discipline. Il existe un respect naturel de l’espace personnel entre les Japonais en plus du respect qu’on leur connait (et on ne parle pas ici des frotteurs à l’heure de pointe). Par ailleurs, l’imaginaire occidental concernant le Japon a été inévitablement orienté par le cinéma, les films et les reportages qui utilisent très souvent les endroits populaires bondés pour illustrer le pays. Il faut vendre du rêve. Et, effectivement, les lieux les plus bondés sont aussi ceux les plus visités. Prenez quelques ruelles inconnues en plein Tokyo et vous voilà seul, ou presque !

Bref, même si vous êtes agoraphobe, vous devriez survivre à cette expérience (n’essayez pas de remonter l’escalier central de Shinjuku-Station en contre-sens vers 19h et tout ira bien).

shibuya

2) Les japonaises sont des filles faciles

Il y a des aspects qui peuvent nous sembler douteux dans la culture sexuelle japonaise, c’est indéniable. Cependant, il est possible de casser une partie de ce cliché : non les japonaises ne sont pas « des filles faciles » et, oui, la culture nippone est globalement plus ouverte sur la sexualité. L’un n’empêche pas l’autre. Cela s’explique entre autre part leur culture. Dans la religion Shintô, le corps et l’esprit sont séparés. Contrairement à l’esprit du christianisme, dans le Shintoïsme, le bonheur du corps est tout aussi important que le bonheur de l’esprit. Profiter pleinement des plaisirs sexuels est donc perçu positivement, et ce n’est pas réservé qu’aux hommes. Et c’est un paradoxe ! Car selon les statistiques, très peu de japonais ont des relations sexuelles, même chez les jeunes. Dans une culture qui fait l’éloge du plaisir des sens, cela peut créer quelques frustrations gênantes ainsi assouvies par une culture érotique assumée.

Il faut toujours se souvenir que le rapport des japonais au sexe est complexe et singulier. Tout comme chez nous, chaque individu a un rapport personnel différent à la sexualité. Certaines japonaises raffolent des étrangers. D’autres pas. Et c’est exactement la même chose pour les japonais dont certains avouent leurs fantasmes pour les femmes occidentales… BREF. Pour ces raisons, le visiteur étranger pourrait estimer à tort que les japonaises sont « faciles », d’autant plus s’il traîne dans le quartier Roppongi de Tokyo réputé pour les rencontres. Mais les filles qu’on y croise ne représentent pas tout « le Japon » !

Colorful

3) L’air est irrespirable à Tokyo

Erreur ! Malgré les nombreux problèmes que le Japon a connus par le passé, entre autres avec le nucléaire, il reste un des pays les plus propres d’Asie, particulièrement en ce qui concerne le qualité de l’air. À Tokyo et là où c’est possible, la plupart des Japonais se déplacent en vélo et les hybrides sont la normalité. Ensuite, les véhicules diesel sont pratiquement inexistants. De même, il y a énormément de quartiers où il est interdit de fumer. Dans ceux où l’on peut fumer, jeter sa cigarette est passible d’amende. Cela n’arrive pas aux Nippons de toute manière, qui sont, pour la plupart, équipés d’un cendrier portable. Quant au tri des poubelles, il est infiniment plus détaillé que partout ailleurs au point où il faudrait presque un manuel pour décrypter le document officiel du tri des déchets. De plus, les rues sont d’une propreté exemplaire. L’unique réelle inquiétude provient des pollutions chinoises (usines) qui voyage parfois jusqu’au pays du Soleil Levant. Alors, si vous voyez des Japonais porter un masque, ce n’est pas pour se protéger de la pollution, mais pour vous éviter de répandre leurs microbes quand ils sont malades. Que de bonnes intentions n’est-ce pas ?

4) C’est un pays violent

Évidemment, le Japon est un pays de mafieux mi-samouraï mi-ninja qui se baladent avec des sumos en guise de garde du corps. Plus sérieusement, bien que les Yakuzas existent encore avec une influence bien moins importante que le passé, le Japon est un des pays les plus sécurisés du monde. Le 8ème d’après le Global Peace Index Record (indice de Paix Mondiale) en 2015. Ici, vous pouvez aller aux toilettes en laissant votre smartphone sur la table, peu de chance qu’il disparaisse. De même, vous pouvez vous balader au bout de la nuit en plein Tokyo sans risquer la moindre agression. Si le risque zéro n’existe pas, pas de quoi s’inquiéter, vous pouvez voyager en toute sérénité dans l’archipel !

Akihabara by night

5) On ne profite pas assez de la vie

Oui, au Japon, le travail est une religion. Les temps libres sont rares. La réussite sociale est un aspect important de la culture, et les Japonais n’ont pas peur de l’acharnement avec parfois une fin tragique. Cependant, la règle de « après l’effort le réconfort » s’applique aussi à leur pays. À la sortie du bureau, il est très commun de voir des collègues enchaîner bière sur bière en parlant et riant très fort. Bien que l’alcool ne soit pas forcément synonyme d’amusement (j’entends bien), son impact sur l’amusement nippon est indéniable. Certes, l’excès de travail reste problématique, si bien que le gouvernement est obligé aujourd’hui à légiférer à ce sujet. Mais les Japonais savent s’amuser et les barrières tombent rapidement quand ils sont désinhibés. Ne jamais hésiter à aller leur parler, ils seront le plus souvent ouverts à vous intégrer dans leur groupe !

6) Les Japonais tirent tout le temps la gueule

Comme dans le métro parisien, il n’est vraiment pas commun de fixer tout le monde avec un sourire de psychopathe dans les rues du Japon. Normal, jusque-là. Certes, on peut avoir le sentiment que les Japonais sont peu expressifs pour des raisons strictement culturelles. C’est une fausse impression qui vole rapidement en éclat quand on prend la peine d’aller à leur rencontre. Un simple « bonjour » peut soudainement dessiner un grand sourire sur les visages. Ainsi, on découvre qu’en réalité ils sont en fait très expressifs dans un cadre plus personnel. Cependant, chaque chose étant à sa place, ils savent faire la distinction entre les moments où c’est « autorisé » et les moments où ils ne peuvent pas l’être pour des questions de règles sociales.

Happy smile

7) On Japon, on ne mange que du sushi et des nouilles

Non. Non et non. Premièrement, les Japonais ne mangent pas tant de sushi que ça. Ce serait comme dire que les italiens ne mangent que des pizzas. Les sushis et les nouilles ne sont pas représentatifs de la nourriture japonaise tant leur gastronomie est riche. La nourriture japonaise est un véritable cadeau : elle est fine, diététique, raffinée et diverse. Pour preuve, cette série de 15 plats (sur des milliers) à goûter durant votre séjour au Japon.

8) Pour aimer le Japon, il faut être un Geek ou un fan de manga

Certes, les nouvelles technologies et les mangas sont des parties intégrantes de la culture moderne nippone. Beaucoup d’entre nous ont d’ailleurs été bercés par Dragon Ball et les animés diffusés à la télévision française, à l’origine, car ils n’étaient pas chers à diffuser pour TF1. Mais ne mettons pas tout dans le même sac ! Le Japon possède une histoire riche et passionnante. Sa culture actuelle ne se résume pas à ces deux univers. À vrai dire, ces domaines sont concentrés géographiquement sur Akihabara et (moins) Ikebukuro à Tokyo. L’univers « geek » ou même « kawaii » n’est pas omniprésent comme on peut l’imaginer depuis la France. Après plusieurs années ici, je réalise pleinement comment les concentrations comme la Made in Asia offrent une image assez biaisée et mono-centrée d’un Japon qui fait rêver. Il s’agit plus de répondre aux attentes des consommateurs occidentaux que de représenter le Japon. Mais pas toujours évident de l’admettre !

Akihabara

9) Les Japonais sont des tueurs de baleines

Sujet glissant ! Oui, les japonais ont tué et continuent de tuer ces magnifiques créatures. Non, ils ne le font plus en masse. Sous la pression de la communauté internationale, les japonais ont considérablement réduit leurs effectifs de chasse pour limiter leur flotte à quelques baleiniers en activité. Si bien qu’elle est pratiquement abolie de fait. Mais quelques navires, sous couvert de la recherche scientifique (un prétexte gros pour le nez sur la figure), continuent de chasser avec l’aval du gouvernement. S’il est vrai que ça pose toujours quelques soucis de conscience à l’occident, les 3 ou 4 bateaux encore en activité visent exclusivement des espèces qui ne sont pas en danger. Leur pêche ne sert pas vraiment à répondre à la demande. L’écrasante majorité des japonais ne mangent pas de baleine. À titre de comparaison, c’est un peu comme si on affirmait que la chasse à courre était représentative de l’ensemble des français, alors qu’elle concerne une petite minorité de privilégiés. Il est malvenu de condamner « les Japonais » en raison de cette pratique localisée et minoritaire.

10) Les français sont des individualistes hautains et grognons, qui n’avouent jamais leurs torts, doublés de mangeurs de grenouilles et de camemberts.

Et oui, les stéréotypes existent dans les deux sens… Si nous n’aimons pas ça, eux non plus ! À vous de casser les clichés, dans un sens comme de l’autre !

Shibuya - Tokyo, Japan

– S.Grouard