Nous aimons le Japon, ce pays où nous vivons, et personne ne peut se permettre d’en douter. Mais après autant de temps passé ici, j’observe autant de satisfaction que de déception dans les yeux des visiteurs de passage. Cette fascination aveugle que certains alimentent envers le Japon, souvent de loin, relève plus de la dévotion que de la raison. Forcément, les médias nous vendent un Japon idéal, beau et parfait sur tous les plans. Ça vend du rêve, et surtout du clic. Sur le terrain, le Japon est un pays comme les autres, avec ses points forts et ses zones d’ombre… et de certaines, on se passerait bien… Histoire de mettre les choses au clair une fois pour toutes, voici quelques points non-exhaustifs qui font tâche dans l’archipel nippon aux yeux mêmes de plus d’un japonais averti.

1. Une pollution plastique monstrueuse

Ce n’est plus un mystère, les Japonais aiment emballer à l’excès, un produit se retrouvant souvent enveloppé sous au moins trois voir quatre couches d’emballage pour s’assurer qu’il sera bien « protégé » avant consommation. Par ailleurs, on vous offrira des sacs en plastique pour toutes les occasions. La moindre bouteille d’eau achetée au konbini sera emballée par automatisme. Parfois, plusieurs sous-emballages sont utilisés pour séparer les différents types de nourriture. Enfin, nombre de plats préemballés sont constitués de plusieurs couches de plastique. Ici, même les œufs sont souvent emballés dans du plastique, parfois à l’unité. Quand il pleut, des petits sacs plastiques sont disposés à l’entrée de chaque magasin pour y glisser son parapluie, avec une durée de vie de quelques minutes. En fin de journée, il est également possible d’observer ces montagnes de boules en plastique vides provenant des gashapons (ou gacha) devant les magasins d’Akihabara. Sans surprise, les plages japonaises sont bien trop souvent jonchées de déchets plastiques rejetés par la mer. Les plages les plus touristiques sont nettoyées par les municipalités pour pouvoir accueillir les touristes. Ailleurs, ce sont des groupes de bénévoles qui se relaient sans fin pour extirper manuellement ce plastique. Les bordures de rivières sont dans un état similaire. Une problématique qui n’est évidemment pas seulement limitée au Japon.

Image à la discrétion de l’association Tokyo River Side.

Cette pratique du suremballage est à l’origine d’une quantité de déchets plastiques astronomique dont une partie est tout simplement exportée dans les pays asiatiques limitrophes. D’autant que le tri des déchets au Japon – excepté pour quelques localités en marge – reste très basique. Ici, on sépare les déchets qui peuvent s’incinérer des autres. Le papier est ainsi très bien recyclé ainsi que le verre. Mais le plastique est majoritairement brûlé pour produire de l’énergie. La part vraiment recyclée reste très faible. Certes, les villes sont visuellement propres, mais cette pollution astronomique est relativement cachée et ignorée. Ainsi, on dit que le Japon est une « Throwaway Society » : on y achète et on jette à une vitesse record. Cependant, il est vrai que les gouvernements tentent de faire des efforts pour changer cette situation peu glorieuse et relativement nouvelle dans l’histoire. Dernièrement, il est devenu obligatoire de payer pour un sac plastique dans les magasins, de quoi dissuader une partie des consommateurs…

2. Le massacre des dauphins

Chaque année, ça recommence, malgré la mobilisation d’associations de défense des animaux et de grandes stars. Dans la baie de Taiji, des milliers de dauphins sont piégés et massacrés au nom de la tradition alors que cette mise à mort n’est plus justifiée par le besoin de se nourrir. Les plus « chanceux », une centaine, seront revendus à des delphinariums ou des aquariums du monde entier pour amuser les touristes. Qu’on ne s’y trompe pas, contrairement à la chasse à la baleine (pratiquement disparue aujourd’hui, bien que toujours pratiquée par quelques bateaux officiellement à des fins scientifiques…), ce massacre annuel n’est pas véritablement une culture japonaise ancestrale. La première chasse aux dauphins sur la baie de Taiji daterait 1969 (24 ans après Hiroshima)… Un simple business, donc ! Pour en savoir plus, on ne peut que conseiller le film « The Cove » consacré à ce bain de sang annuel. Notons que les japonais eux-mêmes ignorent généralement l’existence de cette pratique dans leur propre pays, les médias évitant soigneusement d’en parler.

3. La condition des femmes japonaise

Magazines pour adultes dans un Konbini.

Le Japon fait partie des pays les plus développés du monde mais s’il est un domaine dans lequel il fait pâle figure c’est bien celui de l’égalité hommes-femmes. Bien peu de femmes sont présentes dans la sphère politique et, celles qui s’y risquent sont la cible d’un harcèlement sexuel bien trop normalisé. Sur le marché du travail, les femmes sont majoritaires dans les emplois précaires à temps partiels mais minoritaires dans les postes à responsabilités. Une femme gagne en moyenne moins qu’un homme pour une même fonction et la situation ne s’améliore pas… Elles sont aussi tacitement obligées à quitter leur emploi après avoir eu un premier enfant, la mentalité japonaise encore très patriarcale ne pouvant concevoir qu’une bonne mère puisse aussi travailler. Elle est priée de se dédier entièrement à son mari et son foyer. Ce qui pousse finalement une partie d’entre elles à fuir cette vie de couple oppressante alors que d’autres assument cette situation.

Outre ces inégalités de fait, les jeunes femmes sont toujours considérées comme des objets de plaisir au bon vouloir des hommes. On est assez vite fatigué de voir des filles d’à peine 18 ans (si pas 15) à quatre pattes sur la moitié des magazines des konbinis. Certes, certains diront que le rapport différent des japonais à la sexualité excuse cette situation. Cependant, il n’est pas rare de voir un japonais rabrouer verbalement une japonaise (en particulier au travail) si celle-ci donne son opinion trop librement, en particulier dans les matières intellectuelles.

À la télévision, les femmes sont souvent exposées pour leur sex-appeal. Plus elles sont jeunes et sexy, plus elles servent à vendre des produits et de l’audimat. Si bien que nombre d’entre elles vont intérioriser cette « culture » en limitant leur centre d’intérêts à des choses superficielles par conditionnement social. Ne parlons même pas de la prostitution des étudiantes pratiquement institutionnalisée, faute de protection sociale face à la précarité. Et si jamais vous êtes victime d’un viol, n’espérez pas avoir justice sans être blâmée de toutes parts. « Fallait pas être aussi sexy ! » qu’ils disent. Bref, le Japon est toujours un pays de rêve pour les masculinistes toxiques.

Enfin, et c’est une observation toute personnelle, il ne nous est pas rare d’observer des japonais alcoolisés gifler une fille en soirée. Une baffe sous couvert de l’humour, naturellement… Celle-ci a sans doute dit ou fait quelque-chose hors de sa « position » de femme. Elle se voit ainsi remise à sa place sans ménagement. Sa réaction ? Le plus souvent : rire ou s’excuser… Oui, la fille s’excuse d’avoir reçu une gifle. De quoi donner la nausée quand on n’y est pas habitué.

La bonne nouvelle, c’est que la jeune génération semble vouloir se libérer de cette soumission systémique. De nouvelles manières d’envisager la vie de couple voient le jour. De plus en plus d’hommes japonais semblent vouloir s’investir dans leur rôle de père au foyer. La période de crise sanitaire et son télétravail généralisé a notamment aidé à retrouver un équilibre familial temporaire.

4. Les mecs torchés qui dorment à terre dans la rue…

Source : Flickr

En général, la scène fait rire les étrangers… Mais à force de les voir chaque jour, ça ne prête plus vraiment à rire. Après une rude journée de labeur, des salariés se retrouvent souvent pour faire la tournée des izakaya et, pour certains d’entre eux, des bars à hôtesses, dans une ambiance décontractée où la hiérarchie se relâche et la parole est plus franche. Il s’agit d’une longue tradition nommée Nomikai (飲み会) qui signifie littéralement « réunion pour boire » !

Bien entendu, on y boit plus que de raison et on loupe parfois le dernier train pour rentrer chez soi, laissant sa famille seule… D’où le triste spectacle de certains salarymen ivres-morts qui dorment à même le sol un peu partout dans Tokyo. Les autres finiront dans un capsule hôtel dans le meilleur des cas, où dans les nombreux et sulfureux love-hotels où des magazines leur permet de commander par téléphone une jeune femme pour passer la nuit.

5. Une très faible reproduction

Photographie : Kyodo/Reuters

Les naissances sont dramatiquement en déclin au Japon depuis le baby-boom des années 70, le pays affichant en effet un taux de natalité parmi les plus faibles du monde (1,4 enfant par femme). Une crise qui va causer un manque de main d’œuvre (déjà perceptible dans le domaine médical), une explosion du nombre de personnes âgées pour lesquelles se posent les questions de la prise en charge des retraites et des soins médicaux. On prédit ainsi la perte de près d’un tiers de la population nippone d’ici 2060.

Les raisons de cette décrépitude sont multiples et les gouvernements successifs peinent à y faire face tout en refusant de recourir à l’immigration : nombre insuffisant de crèches, crainte de ne pouvoir élever dignement son enfant par manque de revenus dans un contexte économique incertain, quasi-impossibilité pour les femmes d’avoir des enfants et de continuer à travailler ce qui les pousse le plus souvent à privilégier leur carrière,… Bref, la situation au Japon ne semble pas donner envie de faire des enfants ! Étonnant pour un pays tant aimé du reste du monde.

6. Tourisme de masse et Matsuri…

Photographie @ Mr Japanization

L’exemple le plus parlant est le Kanamara Matsuri (fête du pénis) dont nous étions ressortis dégoûtés. Victime de sa popularité, il est envahi de touristes de plus en plus nombreux chaque année au point que les autorités ne savent plus où les mettre. Certains sont irrespectueux et n’hésitent pas à bousculer les japonais pour être bien placés, brandissant leurs smartphones à tout bout de champ pour avoir la bonne photo. En 2017, la geisha en fin de cortège fut littéralement cernée de touristes ne respectant pas les délimitations en plein défilé au point d’entraver sa marche. Résultat, l’atmosphère bon enfant qui règne normalement lors de cette fête populaire est gâchée pour faire place à un triste spectacle commercial.

Depuis la crise sanitaire, la situation a bien changé. Les touristes sont là, mais bien moins nombreux. La plupart des matsuri se sont arrêtés et reprennent seulement depuis cette année (2022). La population japonais est-elle prête pour un retour à « la normale » ? Pas certain.

7. La prostitution des jeunes filles

Source : Flickr

Des jeunes filles livrées à elles mêmes, souvent vulnérables ou en perte de repères tombent chaque année dans les filets de souteneurs mafieux qui, après avoir gagné leur confiance en leur offrant de l’aide, finissent par dévoiler leurs véritables intentions en les forçant à se prostituer ou à participer à des films pornographiques (parfois même après avoir abusé d’elles). Autre phénomène qui inquiète les autorités, le Joshi Kosei Osanpo, où des lycéennes – mineures pour la plupart – acceptent contre rémunération de passer du temps avec des hommes bien plus âgés qu’elles. Des rencontres théoriquement « en tout bien tout honneur » mais qui dans les faits se finissent au Love Hotel. Ainsi, ces hommes ayant l’âge de leur père – et souvent déjà mariés – abusent sexuellement d’elles. Les jeunes filles y voient un intérêt économique mais aussi psychologique : de nombreux pères étant absents du foyer, celles-ci peuvent y trouver une figure paternelle de remplacement. De quoi offrir un cadre assez malaisant pour faire grandir ses enfants.

8. Le culte de l’entreprise, à la vie à la mort

Quand le surmenage conduit au suicide… Source : Flickr

Le salaryman japonais ne questionne pas sa place dans la société. Le plus souvent, il livre sa force de travail, de la sortie de l’école à sa mort. Les salariés japonais sont réputés pour se dévouer corps et âme à leur entreprise et cette expression n’est pas exagérée, malgré une productivité nationale pas toujours compétitive. De peur d’embarrasser leurs collègues en les surchargeant de travail, beaucoup renoncent à prendre des vacances et enchaînent les heures supplémentaires jusque tard dans la nuit. Aussi, nombreux sont les employés à partir tard du bureau pour ne pas passer pour des fainéants, et ce même s’ils ne travaillent pas vraiment. À cela, il faut ajouter le verre que l’on va boire après le travail, qui renforce les liens entre les employés et qu’il serait mal venu de refuser. On peine donc à vraiment sortir du cadre du travail. Ce dévouement se fait souvent au détriment de la vie de famille dont les membres sont rarement réunis et finissent par vivre pratiquement séparés (NB: avec des effets sur le développement des enfants). Avec pour prix ultime à payer, dans le pire des cas, la mort par surmenage ou stress trop important d’un certains nombre d’individus, nommée « Karôshi » et reconnue comme maladie professionnelle.

9. La stigmatisation des personnes en surpoids

Au Japon, à part dans le monde du sumo, il est très mal vu d’être en surpoids ou obèse. Une personne non-mince est perçue comme se négligeant et se manquant de respect. Des entreprises vont jusqu’à surveiller le poids de leurs employés et leur proposer des solutions pour maigrir en cas de besoin. Le gouvernement a même édicté une loi fixant une limite de poids, ce qui rend l’obésité théoriquement illégale. Les « gros » étant rares, ils deviennent forcément une minorité (contrairement aux USA où ils font partie du paysage). À l’école, les enfants enrobés sont ainsi beaucoup plus victimes de moquerie que partout ailleurs.

À noter que l’actrice Naomi Watanabe tente de casser ce dictât depuis quelques années. La star, qui sait faire preuve d’une grande autodérision, utilise son surpoids comme un atout médiatique. Elle compte aujourd’hui quelques 7,6 millions d’abonnés sur Instagram…

10. L’indifférence envers les SDF

Source : Flickr

Dans une société qui culturellement ne tolère pas l’échec, les SDF sont ignorés voire méprisés par les autres Japonais. Les sans-abris eux-mêmes ont souvent honte de leur situation et refusent l’aumône, estimant mériter leur sort. Quand nous avons voulu aider un sans-abri dans une rue de Tokyo, nous avons même été stoppés dans notre élan de générosité par un autre japonais qui nous le déconseillait fortement.

Cependant, il existe quelques associations et structures qui viennent malgré tout en aide aux sans-abris de Tokyo. Notons qu’à l’approche des Jeux Olympiques de 2020, les SDF ont été chassés sans ménagement des parcs et du centre-ville. Ce qui brise le cœur, c’est que la majorité de ces « ultra-pauvres » sont des personnes très âgées, dont des femmes. Les aides sociales restent insuffisantes pour les personnes qui n’ont pas su gérer leur carrière dans la société japonaise. Beaucoup de personnes âgées précaires passent leur journée dans les Macdonald’s et restaurants low-cost où ils peuvent bénéficier de la climatisation contre un simple café.

11. Un consumérisme compulsif

Acheter pour exister. L’essentiel de la croissance japonaise – plus de 50% – repose sur la consommation. Dans les grandes villes, les modes se font et se défont parfois en quelques semaines. Contraste avec la situation d’extrême pauvreté d’une partie de la population, le business du luxe fonctionne à plein régime. Certaines jeunes filles vont même jusqu’à se prostituer pour pouvoir s’acheter les derniers vêtements tendance alors même qu’elles ne sont pas en difficulté financière. Ce qui engendre un gaspillage des ressources et un culte du matérialisme qui efface bien souvent l’humain au profit de l’objet. Il n’est ainsi pas rare, au moins sur Tokyo, qu’un individu soit jugé à son statut social et sa capacité à gagner de l’argent. Certes, il faut insister sur le fait que toute la population n’est pas concernée. Le minimalisme japonais, plus traditionnel, résiste dans les marges de la société. Mais il n’est pas aussi répandu qu’on l’imagine parfois en lisant les médias « pro » Japon.

Quand j’étais ado, les vidéos fofolles venant du Japon me faisaient rire. Plus aujourd’hui…

12. La superficialité des médias télévisés

Au Japon, peu de chance de tomber sur des débats et des émissions politiques de haut niveau qui critiqueraient l’action du gouvernement, pas de documentaires aux révélations fracassantes ou d’enquête autre qu’un scandale sexuel impliquant une starlette. La télévision ne consacre que peu de temps aux informations en s’autocensurant, les manifestations par exemple, sont le plus souvent passées sous silence. L’important c’est de vendre du temps de cerveau disponible à des annonceurs publicitaires. En cela la télévision reflète le comportement des Japonais qui n’aiment pas déclencher des conflits et évitent d’aborder tout sujet – particulièrement la politique – susceptible d’en déclencher. Du moins, cette excuse culturelle sert d’argument à un modèle économique oppressif. Que reste-t-il alors à regarder à la télé ? Surtout des jeux, des émissions culinaires, des talk-shows, des reportages touristiques vantant les mérites/faisant la pub d’une région, d’un métier, d’un resto… Starlettes et comiques du moment y tiennent la vedette, amusant le public et le téléspectateur par des pitreries grotesques et à coups d’humiliations et de blagues pipi/caca. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les films, animés et dramas de qualité ne bénéficient que d’assez peu de temps d’antenne ! La nourriture par contre est omniprésente, avec de nombreuses pages publicitaires.

13. La dictature des non-dits

Quand un mur d’incompréhension invisible se dresse entre les gens… Source : Flickr

Les Japonais ne sont pas connus pour être bavards, au contraire, ils préfèrent les longs silences aux grands discours. Les discussions, sauf dans l’intimité, ne portent jamais sur des sujets qui risquent de froisser son interlocuteur. On préférera parler de banalités. Pour cette même raison, un Japonais ne dit jamais « non » directement mais plutôt « ça va être difficile ». Pour un étranger, il faut apprendre, non sans mal, à décoder ces subtilités du langage riche en métaphores et sous-entendus. Il convient aussi de garder une réserve sur ses sentiments sous peine d’être perçu comme impudique et simplet. Cependant, certains japonais recherchent précisément l’inverse car symbolisant un caractère étranger, plus franc et osé. Trop s’épancher sur ses sentiments reste cependant mal vu et est même considéré comme un manque de maîtrise et de maturité. Un comportement source de manque de communication et de compréhension entre les individus qui à la longue peut détruire des relations. Une personne préférera ainsi se murer dans le silence plutôt que de mettre directement le problème sur la table et crever l’abcès, laissant l’autre désemparé. Ceci peut être terriblement difficile à vivre.

14. La crise économique profonde et visible

Source : Flickr

Le Japon a été victime d’une grave crise économique et financière dans les années 90 dont les effets sont encore perceptibles aujourd’hui. La dette publique a dépassé le million de milliards de yen (245% de son PIB) et ne cesse de s’accroître, s’auto-alimentant et rendant illusoire son remboursement. Le coronavirus n’aidant pas, la situation s’aggrave dangereusement en ce moment même, avec des faillites record partout dans le pays. L’augmentation des taxes et les privatisations des services n’aident visiblement pas le Japon à aller mieux. Concrètement, dès qu’on sort un peu des chemins touristiques et des grandes villes, on réalise l’ampleur de la crise, avec des bâtiments vieillissants, des villages abandonnés, des magasins fermés un peu partout, avec un niveau de vie souvent bien loin de l’idéal tokyoïte. Le vieillissement de la population n’aide également pas à rétablir l’équilibre. Nombre de touristes imaginent ainsi un Japon hautement technologique et riche. Mais ceci se limite à une petite part de la population localisée en certains lieux à forte concentration démographique.

15. Un conformisme quasi Orwellien

Comme le dit un proverbe nippon : « Le clou qui dépasse appelle le marteau. », il est mal vu de sortir du rang. Source : Flickr

Vivre au Japon, c’est un peu comme jouer à Tétris : tu t’alignes dans le rang et tu t’effaces. C’est également une des particularités qui fait que certains aiment le Japon : chacun marche dans la même direction. Parfait ! Mais quelle direction ? On représente souvent le Japon comme « foufou » et excentrique, mais c’est une illusion médiatique. Excepté les émissions de télévision décalées et quelques lieux de Tokyo, l’écrasante majorité des japonais sont discrets, sérieux et sortent rarement des sentiers battus. L’épanouissement individuel reste rare. Les règles dictent les moindres aspects de la vie quotidienne, accordant une place plus importante à l’image qu’on donne aux autres qu’au bonheur individuel réel.

Celui qui sort du rang va subir une pression sociale bien réelle. C’est à dire que dans la rue, personne ne vous critiquera pour votre style vestimentaire hors norme. Mais dans l’entreprise, dans la famille, où votre entourage, la critique sera aussi indirecte que blessante. C’est certainement pour cette raison que certains japonais, qui refusent ces normes, vont chercher à se différencier dans l’extrême, faisant exploser toutes les barrières mentales en pied de nez aux critiques. En gros, pour être différent au Japon, autant assumer et aller jusqu’au bout de ses passions… D’autre, au contraire, vont se couper du monde social et s’enfermer dans leur bulle pour échapper à cette oppression.

Pour finir, rappelons que le Japon est un pays de contraste et qu’on ne peut vraiment l’aimer tout en niant ses pires aspects. Cependant, le Japon c’est aussi de très nombreux aspects culturels qui font rêver et une paix sociale réelle. En voici une sélection de 13 pour se réconcilier avec l’archipel. Aimer le Japon, c’est donc être capable de saisir toutes ses nuances de gris et d’y faire face avec courage et remise en question.

– Mr Japanization


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